samedi 20 septembre 2014

Rencontre avec Sophie Divry




La médiathèque de Bron (Rhône) et de l'équipe de la Fête du livre de Bron "Lire à Bron" ont organisé le samedi 13 septembre 2014 un café littéraire sur le thème de la rentrée littéraire 2014, avec comme invitée Sophie Divry. Ce fut l'occasion pour moi de découvrir l'auteur de La condition pavillonnaire, lu cet été dans le cadre des Explorateurs de la rentrée littéraire.

Dans un premier temps, il nous a été présenté quelques romans "coup de cœur" de cette rentrée : Autour du monde de Laurent Mauvignier, Tristesse de la terre d'Eric Vuillard et Les réputations de Juan Gabriel Vasquez ont fait l'unanimité parmi les membres de "Lire à Bron". Ayant eu la chance de lire Tristesse de la terre, je ne pouvais que partager leur avis sur ce titre.

La seconde partie de ce café littéraire a été consacrée à Sophie Divry. Après une courte présentation de ses trois ouvrages, qui se présentent respectivement sous la forme d'un écrit, d'un journal et d'un roman, l'accent a été mis sur ce dernier : La condition pavillonnaire.
 
 
Elle rêve d'être professeur, mais échoue au certificat et se fait bibliothécaire. Esseulée, soumise aux lois de la classification de Dewey et à l'ordre le plus strict, elle cache ses angoisses dans un métier discret. Les années passent, elle renonce aux hommes, mais un jour un beau chercheur apparaît et la voilà qui remet ses bijoux. Bienvenue dans les névroses d'une femme invisible. Bienvenue à la bibliothèque municipale, temple du savoir où se croisent étudiants, chômeurs, retraités, flâneurs, chacun dans son univers. Mais un jour ce bel ordre finit par se fissurer. 


 
Journal d’un recommencement est un regard neuf sur une institution vieillissante, regard posé par la jeune narratrice sur l’Église catholique. Elle s’interroge sur les rituels qui réunissent les chrétiens tous les dimanches, elle qui perçoit sa propre croyance non pas comme un aveuglement mais comme une énigme. À travers le journal de visites paroissiales, alliant introspection et observations teintées d’humour, Sophie Divry parvient à dresser un tableau tout en subtilité sur la vie d’une communauté de croyants. Sa plume sobre, jamais complaisante, navigue avec bonheur entre différents registres pour nous livrer un récit inhabituel et bouleversant. 


La condition pavillonnaire nous plonge dans la vie parfaite de M.-A., avec son mari et ses enfants, sa petite maison. Tout va bien et, cependant, il lui manque quelque chose. L’insatisfaction la ronge, la pousse à multiplier les exutoires : l’adultère, l’humanitaire, le yoga, ou quelques autres loisirs proposés par notre société, tous vite abandonnés. Le temps passe, rien ne change dans le ciel bleu du confort. L’héroïne est une velléitaire, une inassouvie, une Bovary… Mais pouvons-nous trouver jamais ce qui nous comble ? Un roman profond, moderne, sensible et ironique sur la condition féminine, la condition humaine.



Dans ses livres, Sophie Divry s'intéresse au rapport entre l'individu et la société. Le cœur de La condition pavillonnaire, selon l'auteur, est la question du bonheur : nous sommes tous déterminés par ce que l'on hérite de nos parents, de la société. Une fois le confort du corps atteint, qu'est-ce qui fait le bonheur ? où est-il ? quel est le but de la vie ? M.-A. (prononcez "Emma", en référence à l'héroïne de Flaubert) se replie sur le confort familial ; elle a une vie classique, réussie, dans les cadres, mais elle est incapable d'être heureuse : on peut alors se demander ce qu'est le bonheur. Sophie Divry voulait écrire un livre méchant (cela se sent dès le titre, glaçant, carré), au style assez dense. Les choix narratifs de l'auteur vont tout à fait dans ce sens : l'exhaustivité du texte, les longues descriptions qui enlèvent toute émotion, l'aspect figé du langage par l'emploi de poncifs (les expressions sont alors en italique dans le texte), l'utilisation du pronom "tu" et l'anonymisation du personnage principal qui impliquent le lecteur et l'auteur, qui rendent l'héroïne transparente pour qu'on lise le livre à travers elle...
 
Sophie Divry nous a également présenté un roman qui fut pour elle un coup de cœur de cette rentrée littéraire : La chance que tu as, de Denis Michelis, un très bon premier roman avec « une écriture fine et magnétique » pour citer ses mots.

Ici au moins, il est au chaud.
Ici au moins, il est payé, nourri, blanchi.
Ici au moins, il a du travail.
L’enfermement le fait souffrir certes, mais pense un peu à tous ceux qui souffrent vraiment.
Ceux qui n’ont plus rien.
Alors que toi, tu as une situation et un toit où dormir, ça n’est pas rien tu sais.
Et tu oses te plaindre.



Cette rencontre s'est terminée par une séance de dédicaces à laquelle Sophie Divry s'est prêtée avec le sourire.

 
 
 
 

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