Fiche technique :
Auteur : Jacob M. Appel
Traducteur : Anne Renon
Titre : Une vie exemplaire
Editeur / Collection : Editions de La Martinière / Littérature
Nombre de pages : 286
Date de parution : Octobre 2017
Quatrième de couverture :
Jeune cardiologue éminent, père de deux adorables petites filles, le docteur Jeremy Balint est un homme qui a réussi sa vie. D'autres que lui, apprenant que leur femme dévouée les trompe depuis des années avec un collègue, se laisseraient emporter par la rage.
Pas Jeremy Balint.
Jeremy Balint va prendre son temps, car Jeremy Balint est un sociopathe. Avec méthode et patience, il va organiser l'élimination de son rival.
Et ce n'est que le début.
De nombreux romans mettent en scène des psychopathes, mais jamais un écrivain n'était parvenu à nous plonger avec autant d'acuité dans les arcanes de leur esprit. Jeremy Balint ne nous cache rien. Ne nous épargne rien. Il ne voit tout simplement pas le mal comme nous.
Avis :
Je tiens tout d'abord à remercier les Editions de La Martinière pour ce service de presse. Une vie exemplaire est un roman intéressant à plus d'un titre, et même si je m'attendais à quelque chose de plus palpitant au vu de la quatrième de couverture j'ai pris beaucoup de plaisir à le lire.
Jacob M. Appel, romancier et nouvelliste américain, a exercé en tant que psychiatre à New York où il a été amené à collaborer avec les services de police. Il s'est servi de son expérience des sociopathes / psychopathes (les deux termes sont interchangeables) pour écrire ce roman qui nous plonge dans l'esprit d'un criminel à figure d'ange.
« Trop souvent, la littérature nous porte à imaginer que ces monstres d'immoralité évoluent en marge de la société, au plus bas de l'échelle, tel le Raskolnikov de Dostoïevski. Cependant, la révélation des derniers scandales financiers et autres systèmes de Ponzi nous a permis de prendre conscience que des personnes dénuées de sens moral gravitent aussi dans les hautes sphères du pouvoir, qu'il soit financier, législatif ou médical. Ils sont là, tout autour de nous, souriant et perpétrant le mal. »
Jeremy Blint est un symbole de réussite sociale : chirurgien brillant et reconnu par ses pairs malgré son jeune âge, il a épousé une femme ravissante. il a deux petites filles adorables, une belle maison, une vie confortable sans aucun souci matériel. Le jour où il comprend que sa femme le trompe avec un collègue, il décide de régler le problème. Pas en divorçant comme le feraient les gens "normaux", car cela mettrait en péril l'équilibre parfait de son existence, mais en tuant l'objet du désir de son épouse : plus d'amant, plus de problème ! Rien de plus simple semble-t-il. Organisé, froid et méthodique, Jeremy va mettre au point un plan qu'il juge infaillible pour se débarrasser de son rival sans être suspecté.
Avec une écriture fluide et agréable à lire, Jacob M. Appel nous plonge dans les pensées d'un sociopathe qui s'ignore. En perpétuel décalage, Jeremy doit sa survie en société à la chance et au manque de perspicacité de sa famille et de ses connaissances. Froid, distant, il ne ressent rien. Avec lui tout passe par la réflexion et non par les émotions. Il analyse les situations et adopte alors le comportement que l'on attend de lui, avec plus ou moins de succès, mais sans s'investir émotionnellement, car il en est incapable. Alors forcément le lecteur reste à la surface du personnage, il découvre son mode de pensée mais n'arrive pas à entrer véritablement dans sa tête. Je n'ai rien ressenti pour Jeremy, ni attachement ni dégoût, juste de la curiosité quand à l'avancée de son projet. Nous assistons à la préparation du meurtre entre deux scènes de vie familiale et/ou professionnelle. Quelques événements inattendus viennent compliquer le déroulé du plan mais il n'y a rien là de bouleversant : malgré deux surprises dans le dernier quart de l'intrigue tout parait linéaire, à l'image des pensées de Jeremy.
Une vie exemplaire est un roman intéressant mais pas palpitant. Nous ne sommes pas dans Dexter et ce n'est clairement pas ce que voulait l'auteur. Le côté froid et détaché du roman le rend effrayant, mais pas immédiatement à la lecture, plutôt lorsque l'on y repense, une fois les dernières pages tournées...