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lundi 28 mai 2018

Aromantic (Love) Story volume 1, par Haruka Ono

Fiche technique :
 
Auteur : Haruka Ono
Traducteur : Satoko Fujimoto
Titre : Aromantic (Love) Story
Série / Volume : Aromantic (Love) Story, volume 1
Editeur / Collection : Akata / L
Nombre de pages : 199
Date de parution : Mai 2018
 
 
Quatrième de couverture :
 
Futaba Kiryû, 32 ans, est autrice de mangas. Ce qu’elle adore par-dessus tout, c’est dessiner des shônen bien sociaux ! Le problème, c’est que ce genre ne marche plus du tout… Du coup, pour tenter de vraiment lancer sa carrière, son éditeur lui propose (impose ?) de s’essayer à un autre genre de shônen : le harem manga ! Gros hic : elle déteste ça, et surtout… elle ne s’intéresse pas du tout à l’amour. Bien malgré elle, et agacée par l’injonction sociale qui impose aux femmes d’être forcément amoureuses, elle entame l’écriture d’un shônen manga romantique. Contre toute attente, le succès est immédiat, et la voilà condamnée à continuer de dessiner une série à laquelle elle-même ne comprend rien… Pour ne rien arranger, elle se retrouve très vite prise entre deux feux : d’un côté, la touchante vénération d’un assistant de douze ans son cadet, de l’autre, la séduction flamboyante d’un scénariste d’anime quadragénaire. Une situation cauchemardesque pour cette célibataire endurcie…
 
 
Avis :

Ce premier volume du manga Aromantic (Love) Story m'a beaucoup plu. D'aspect plutôt classique, il ressemble à première vue à un shôjo manga (= manga pour jeunes filles) lambda. Il sort cependant du lot par les thèmes abordés : féminisme, pression sociale, asexualité... Des thématiques d'actualité, malheureusement peu abordées en littérature jeunesse.

Qui a dit que les femmes s'intéressaient forcément à l'amour ?
 
L'idée de départ est sympathique : une mangaka qui ne s'intéresse pas à l'amour est obligée par son éditeur de produire un manga romantique qui connait un succès fou, au point qu'une adaptation en anime est en cours. Elle découvre à cette occasion que deux hommes de son entourage semblent éprouver des sentiments pour elle (mais a-t-elle correctement interprété les signes ?) : son jeune assistant dont le coté taciturne l'effraie depuis toujours, et le scénariste de l'anime, entreprenant et agaçant en diable. Comment va-t-elle pouvoir se sortir de ce guêpier ?

Cette intrigue légère et amusante nous permet de découvrir le quotidien d'une autrice de mangas, ses méthodes de travail, ses relations avec son éditeur ou son équipe d'assistants. 
 
Elle permet également de faire passer un message fort au lecteur : il existe plusieurs genres humains comme il existe plusieurs formes de sexualité (ou de non-sexualité). Tout le monde a le droit de vivre et d'être heureux, même ceux qui ne font pas partie de la "majorité" représentative de la société. L'être humain est complexe et varié et ne devrait pas être obligé de se couler dans un moule à cause de la pression sociale. Cette idée exposée clairement et intelligemment donne à réfléchir sans que l'on ait la désagréable impression que l'auteur nous fasse la morale.
 
Les illustrations sont dans le pur style shôjo : claires, mignonnes, toutes en rondeur, avec peu de décors mais sans excès de trames. Les personnages sont très expressifs, on devine leurs émotions sans problème, du premier coup d'œil.
 
Outre les illustrations, l'humour omniprésent et les quiproquos qui s'enchaînent rendent la lecture très plaisante et le message sous-jacent facile à appréhender. J'ai hâte de lire la suite d'Aromantic (Love) Story, de voir comment l'intrigue va évoluer tout en espérant que le message fort de ce premier tome ne passera pas aux oubliettes...
 



 

Un grand merci aux éditions Akata et au site Babelio pour cette belle lecture faite dans le cadre de l'opération Masse critique. Vous pouvez lire un extrait de ce premier tome (les 47 premières pages, dans le sens japonais) sur le site d'Akata, ICI. Bonne découverte 😊



 

lundi 22 janvier 2018

Nos yeux fermés, par Akira Sasô

Fiche technique :

Auteur : Akira Sasô
Traducteur : Aurélien Estager
Titre : Nos yeux fermés
Editeur / Collection : Pika édition / Graphic
Nombre de pages : 270
Date de parution : Avril 2017


Présentation éditeur :

La vie n’est pas tendre avec Chihaya... Et elle le lui rend bien. Le bonheur ? Elle ne connaît pas. Son père alcoolique, sa mère partie, elle enchaîne les petits boulots pour pouvoir joindre les deux bouts. Un jour, son pied heurte accidentellement la canne d’Ichitarô, un non-voyant. À partir de cet instant, ce jeune homme à la joie de vivre communicative va tout faire pour entrer dans la vie de Chihaya et lui faire voir le monde autrement.


Avis :

La collection Pika Graphic se définit comme un écrin pour des auteurs asiatiques aux codes narratifs et aux traits proches du roman graphique. Grand format, papier et impression de qualité, thématiques adultes, tout est effectivement mis en œuvre pour rendre la lecture (dans le sens japonais, de droite à gauche) agréable et enrichissante.

Nos yeux fermés nous parle de la rencontre de deux personnes que tout oppose : Ichitarô, jeune non-voyant ouvert au monde et d'un optimisme à toute épreuve, et Chihaya, jeune femme physiquement bien portante mais aigrie et stressée par une vie faite de désillusions et de petits boulots. De leur rencontre improbable va naître une histoire d'amour touchante et délicate.
 
Ichitarô va apprivoiser Chihaya par petites touches, en lui faisant prendre conscience des petits bonheurs quotidiens : jouer à la ficelle, ressentir la pluie sur son visage, faire de nouvelles rencontres, sortir entre amis, aider son prochain, écouter, pardonner...
Chacun va faire découvrir sa vision du monde à l'autre. Chihaya va lui décrire ce qu'elle voit, des scènes de la vie quotidienne, un bébé qui sourit, des enfants qui jouent, une fleur perdue au milieu des mauvaises herbes... Des choses toutes simples auxquelles elle ne prêtait  jusque là aucune attention. Ichitarô va de la même manière lui faire découvrir le monde vu par les aveugles, les yeux fermés mais le cœur ouvert. Il va lui apprendre à toucher et à ressentir, il va lui faire prendre conscience des difficultés qu'il rencontre au quotidien et de la méchanceté gratuite de certaines personnes vis à vis des handicapés.
 
Les illustrations sont d'une grande simplicité. Peu de décors, peu de trames, l'accent est mis sur les personnages et leurs expressions, bien retranscrites et facilement identifiables. Les textes sont également peu nombreux et plutôt courts, il n'y a pas de grands discours, tout est dans la retenue. L'émotion est présente sans que cela soit larmoyant et il y a des touches d'humour pour alléger l'atmosphère. Les propos sont intelligents et donnent matière à réflexion.
 
Nos yeux fermés est sans conteste un manga feel good (= qui fait du bien), dans la lignée de ce qui se fait en roman depuis quelques années : des personnages sympathiques, un quotidien bousculé par un brin de folie et une nouvelle façon de voir le monde, plus optimiste et empathique. Une lecture détente qui fait du bien et booste le moral, c'est plutôt agréable par les temps qui courent.

J'ai pu lire Nos yeux fermés grâce à l'opération Masse critique du site Babelio. Un grand merci à Babelio ainsi qu'aux éditions Pika pour cette belle occasion.



 

jeudi 13 avril 2017

Le 3ème Gédéon volume 1, de Taro Nogizaka

Fiche technique :

Auteur : Taro Nogizaka
Traducteur : Yohan Leclerc
Titre : Le 3ème Gédéon
Série / Volume : Le 3ème Gédéon volume 1
Editeur / Collection : Glénat / Seinen manga
Nombre de pages : 208
Date de parution : Mars 2017


Quatrième de couverture :

France, dans les derniers jours de l'Ancien Régime.
Deux hommes que tout oppose s'engagent de concert sur le chemin de la Révolution. Gédéon, homme du peuple cherchant à se présenter aux états généraux pour aider un pays rongé par la misère, veut transformer le pays. Georges, aristocrate qui ne recule devant rien pour arriver à ses fins, veut le détruire. Entre l'amour et la haine, le bien et le mal, quel camp l'emportera ? Et au bout du chemin, qu'adviendra-t-il ? Un enfer sanglant ou une société idéale ?
 
 
Avis : 
 
Merci aux éditions Glénat et au site Babelio pour cette découverte faite dans le cadre de l'opération Masse critique. Ne connaissant pas du tout l'auteur j'ai choisi ce manga par rapport au thème (j'aime bien voir comment l'histoire de France est perçue à l'étranger) et je ne regrette pas ce choix.
 
Le 3ème Gédéon est un manga sur les prémisses de la Révolution française qui nous montre deux visions du monde que tout oppose. Il y a d'un côté Gédéon Aymé, jeune père de famille issu du peuple qui souhaite se faire élire comme député du Tiers état ; sympathique et idéaliste, il veut améliorer le sort des plus humbles. Il y a de l'autre côté Georges, duc de Loire, un jeune noble mystérieux et charismatique qui cache une vilaine blessure sous son masque. Pour lui, la violence est nécessaire pour renverser l'ordre établi, mais dans quel but ? 
 
 Gédéon vs Georges : deux visions de l'avenir, deux manières d'y parvenir... (les bulles se lisent de droite à gauche)
 
Autour de nos deux héros gravite toute une galerie de personnages fictifs ou réels (Robespierre ou Saint-Just pour ne citer qu'eux) qui permettent d'appréhender les enjeux de société de l'époque... Hommes ou femmes, riches ou pauvres, sympathiques ou cruels, ces personnages nous montrent quelques aspects de la vie quotidienne sous l'Ancien Régime. Je ne suis pas totalement convaincue par l'aspect historique tel qu'il nous est montré, mais cela n'a pas vraiment gêné ma lecture.
 
Les dessins sont agréables à l'œil, certaines pages sont de toute beauté. Les personnages sont aisément identifiables, de même que leurs expressions faciales. Les décors sont simples mais soignés et les scènes d'action sont facilement lisibles, sans fouillis ni surcharges.
 
L'intrigue est intéressante, elle mêle général et particulier, la révolte qui gronde dans le royaume et le mystère qui entoure Georges... Le ton est à la fois violent (les membres coupés et corps sanglants ne manquent pas) et humoristique, il y a du suspense et beaucoup d'action.
 
 
Si ce manga ne m'a pas convaincue à 100 %, essentiellement à cause du côté historique, j'attends néanmoins le tome 2 avec impatience pour me faire un avis définitif. J'ai bien aimé les relations entre Georges et Gédéon et le mystère qui les entoure, j'ai moins accroché à l'aspect "politique" de l'intrigue et à certaines scènes de violence. Reste à voir comment le manga va évoluer par la suite...
 
 
 
 
 
 

lundi 27 mars 2017

L'hiver dernier, je me suis séparé de toi, de Fuminori Nakamura

Fiche technique :
 
Auteur : Fuminori Nakamura
Traducteur : Myriam Dartois-Ako
Titre : L'hiver dernier, je me suis séparé de toi
Editeur / Collection : Philippe Picquier / Japon
Nombre de pages : 181
Date de parution : Février 2017
 
 
Quatrième de couverture :
 
Un journaliste est chargé d'écrire un livre sur un photographe accusé d'avoir immolé deux femmes, mais pourquoi l'aurait-il fait ? Pour assouvir une effroyable passion, celle de photographier leur destruction par les flammes ? A mesure que son enquête progresse, le journaliste pénètre peu à peu un monde déstabilisant où l'amour s'abîme dans les vertiges de l'obsession et de la mort. Un domaine interdit où il est dangereux, et vain, de s'aventurer...
Dans ce roman noir qui flirte avec le roman gothique pour mieux nous faire frissonner, les apparences sont toujours pires que ce qu'elles semblent, les poupées sourient étrangement et le rouge est celui du sang. Seule est certaine l'attirance pour la perdition.
 
 
Avis :
 
Un grand merci aux éditions Philippe Picquier et au site Babelio pour cette lecture reçue dans le cadre de l'opération Masse critique.

J'aime beaucoup les éditions Philippe Picquier qui proposent une littérature asiatique variée et de qualité. J'y ai découvert bon nombre d'auteurs qui m'ont fait voyager intelligemment et découvrir leur pays de l'intérieur... L'hiver dernier, je me suis séparé de toi de Fuminori Nakamura ne déroge pas à la règle. En plus d'une enquête surprenante, j'y ai découvert une partie de l'âme japonaise difficilement compréhensible par la plupart des occidentaux.

Au Japon, il est de notoriété publique que certains objets ont une âme, qu'ils sont devenus "vivants". Il s'agit en général d'objets très anciens, ou ayant été façonnés dans des circonstances bien particulières. C'est un peu autour de cette idée que se développe ce roman... Attention, il n'y a rien ici de surnaturel, L'hiver dernier, je me suis séparé de toi n'est absolument pas un roman fantastique, il s'agit d'un roman noir tout ce qu'il y a de plus classique. On y retrouve un journaliste enquêtant sur un meurtrier afin d'écrire un livre, il va le rencontrer en prison puis interroger sa famille et ses connaissances afin de comprendre son parcours et les motifs de ces actes fous. Classique donc. L'ambiance qui se dégage de cette enquête est moins classique par contre, plus glauque, presque malsaine... Les photographies sont étranges et hypnotiques, elles semblent capturer une partie de l'âme du modèle ; les hommes vivent avec des love doll, des poupées à figure humaine qui semblent embellir à la mort de leur modèle ; l'amour devient obsessionnel et peut entraîner toutes les perversions... C'est assez déstabilisant, d'autant plus que la structure du roman renforce cette impression d'étrangeté. L'hiver dernier, je me suis séparé de toi débute "normalement", mais petit à petit le malaise s'installe, on se dit que quelque chose cloche sans trop savoir ce que c'est. Le récit du journaliste alterne avec les correspondances du meurtrier, les interviews des différents protagonistes et quelques pièces relatives aux crimes. On prend connaissance des obsessions et des influences du meurtrier, on essaie de comprendre ses motivations et le déroulé des faits, et on se perd dans un Japon étrange et déroutant. Ce roman me laisse une drôle d'impression : je sais que je l'ai aimé, surtout grâce au final que je n'ai pas vu venir, mais d'un autre côté j'ai mis du temps à le lire, je n'étais pas à l'aise avec lui, alors que j'ai lu bien plus glauque ou horrible sans que cela me pose problème... Etrange donc, du début à la fin !



 

samedi 7 janvier 2017

La marche de Mina, de Yoko Ogawa

Fiche technique :
 
Auteur : Yoko Ogawa
Traducteur : Rose-Marie Makino-Fayolle
Titre : La marche de Mina
Editeur / Collection : Actes Sud / Lettres japonaises
Nombre de pages : 318
Date de parution : Janvier 2008
 
 
Quatrième de couverture :
 
Après le décès de son père, alors que sa mère doit s'éloigner pour parfaire sa formation professionnelle, la petite Tomoko est reçue pour un an chez son oncle et sa tante.
Tomoko a douze ans ; à Kobe, son oncle l'attend sur le quai de la gare. Il la serre dans ses bras et la conduit jusqu'à la très belle demeure familiale.
Pour Tomoko, tout est ici singulièrement différent. Sa cousine Mina passe ses journées dans les livres, collectionne les boîtes d'allumettes illustrées sur lesquelles elle écrit des histoires minuscules ; un hippopotame nain vit dans le jardin, son oncle a des cheveux châtains, il dirige une usine d'eau minérale et la grand-mère se prénomme Rosa.
Au cœur des années soixante-dix, Tomoko va découvrir dans cette maison l'au-delà de son archipel : à travers la littérature étrangère, les récits de Rosa sur son Allemagne natale et la retransmission des Jeux olympiques de Munich à la télévision, c'est un tout autre paysage qui s'offre à elle.
 
 
Avis :
 
J'ai découvert Yoko Ogawa grâce à White, du blog Les aventures livresques de White, qui m'a proposé une lecture commune du roman La marche de Mina. Ce fut une très belle découverte, poétique et émouvante, qui m'a donné envie de lire les autres titres de l'auteur.
 
Dans La marche de Mina, Tomoko, devenue adulte, nous raconte l'année qu'elle a passé chez son oncle et sa tante, en 1972 ; une année inoubliable, riche d'expériences qui la marqueront à jamais :  la connaissance d'une famille qu'elle n'avait jamais fréquentée, riche et excentrique de premier abord, mais terriblement attachante ; la fin de l'enfance et de ses illusions ; le sacrifice et le deuil ; la découverte du monde situé à l'extérieur du Japon à travers le métissage, la cuisine, la littérature, la retransmission des Jeux olympiques et les récits de "grand-mère" Rosa...
J'ai adoré les personnages, touchants avec leurs failles et leurs histoires. J'ai adoré les thèmes abordés, que l'on perçoit à travers les yeux d'une toute jeune fille. Enfin, j'ai adoré l'ambiance poétique et nostalgique qui se dégage de l'histoire. Yoko Ogawa a réussi à me charmer avec son style paisible et délicat dès les premiers mots, je me suis laissée porter par le récit en suivant le rythme lent de l'hippopotame Pochiko. Les chapitres sont courts, nous assistons à quelques tranches de vie entrecoupées de souvenirs et de récits imaginés par la petite Mina à partir d'illustrations de boîtes d'allumettes.
 
Bien qu'il ne soit pas triste ce roman m'a souvent émue aux larmes, il a ce parfum de période heureuse à laquelle on pense avec bonheur et nostalgie pour se ressourcer. Une très belle découverte, que je vous recommande chaleureusement.
 
 
 
 

dimanche 16 octobre 2016

The bride of the fox spirit, de Rihito Takarai et Miryû Masaya

Fiche technique :
 
Scénariste : Miryû Masaya
Dessinateur : Rihito Takarai
Traducteur : Marie-Saskia Raynal
Titre : The bride of the fox spirit
Editeur / Collection : Taïfu Comics / Shôjo
Nombre de pages : 222
Date de parution : Juillet 2016
 
 
Quatrième de couverture :
 
« Réjouis-toi, andouille, nous sommes maintenant mari et femme ! »
Voilà qu’à cause d’un kotodama dont il ne connaissait même pas l’existence, Shin se retrouve marié à Ginrei, un beau gosse affublé d’une queue et d’une paire d’oreilles et qui se trouve être un esprit renard ?! Sans compter que s’il n’arrive pas à ôter l’anneau qui est le symbole de leur union, il se fera dévorer par celle dont il a malencontreusement pris la place, une renarde maléfique à 9 queues ! Le malchanceux Shin et le hautain Ginrei sont forcés de collaborer et s’engagent dans une course contre la montre pour mettre un terme au lien qui les unit !
 
 
Avis :

Sous le titre The bride of the fox spirit se trouve un one shot mignon et humoristique, à découvrir sans hésiter ! Merci aux éditions Taïfu Comics et au site Livraddict pour ce sympathique partenariat :-)

Alors que la quatrième de couverture laisserait penser à du yaoï (histoire d'amour entre hommes), The bride of the fox spirit est en fait un manga shôjo (romance) assez classique dans sa forme et dans son fond.

L'intrigue est plutôt convenue : deux personnes que tout oppose liées à cause d'un malentendu, une cohabitation forcée et la découverte de sentiments naissants... C'est vu et revu, mais quand on aime on ne s'en lasse pas. L'originalité du manga tient surtout au fait que les personnages principaux sont deux hommes que tout oppose, et que l'histoire met en scène des divinités et des êtres fantastiques propres au folklore japonais.
Les personnages sont sympathiques et souvent attachants, ils évoluent et se dévoilent tout au long du manga. Le ton général de l'histoire est positif, quelques messages sont dissimilés ici et là (dont le plus important : avoir des pensées négatives a forcément des répercussions négatives sur la vie) et l'histoire est pleine de bons sentiments. Il y a également de l'action, les péripéties sont nombreuses et variées. L'humour est bien présent, j'ai très souvent souri (et parfois ri), bref j'ai passé un bon moment de lecture.

J'ai trouvé les illustrations très belles, surtout les pleines pages. Les planches sont assez claires, les décors sont rares et l'utilisation de trames est plutôt limitée, l'illustratrice s'est clairement concentrée sur les personnages (adorables) et leurs expressions (bien retranscrites). C'est simple et agréable à lire, on comprend ce qui se passe du premier coup d'œil.



 

dimanche 3 juillet 2016

Haïkus de Sôseki à rire et à sourire, de Minami Shinbô

Fiche technique :
 
Auteur : Minami Shinbô
Traducteur : Brigitte Allioux
Titre : Haïkus de Sôseki à rire et à sourire
Editeur / Collection : Editions Philippe Picquier / Japon
Nombre de pages : 88
Date de parution : Novembre 2015
 
 
Quatrième de couverture :
 
Les haïkus dits "pas tout à fait géniaux" créés par des génies, ceux-là justement m'amusent. Il est évident que je ne suis pas un homme aux goûts très raffinés, et que j'aime plutôt les joyeux propos. Ce qui ne veut pas dire cependant que je n'aime que cela !
Le génial illustrateur japonais Minami Shinbô se met au diapason des haïkus de Sôseki. 28 chefs-d'oeuvre d'humour malicieux et philosophique.
 
 
Avis :
 
Natsume Sôseki, célèbre auteur japonais de l'ère Meiji, a composé plus de 2600 haïkus. L'illustrateur Minami Shinbô en a sélectionné 28 pour les illustrer : pas les plus connus, ni les plus beaux ou les plus profonds, uniquement des haïkus drôles et décalés, écrits entre 1895 et 1899, c'est-à-dite avant que Natsume Sôseki ne parte étudier en Angleterre.
Les illustrations au pinceau, simples et claires, collent parfaitement bien aux poèmes, écrits à la fois en français et en japonais. On y découvre des instants de vie paisible, des paysages esquissés, une nature omniprésente, des références culturelles et mythologiques qui sont autant d'invitations au voyage.
 
Préface, postface et notes critiques nous donnent un aperçu du travail de l'illustrateur, mais également du traducteur qui explique quelques points de civilisation japonaise (objets, références, mythologie) ainsi que ses choix en matière de vocabulaire.
 
Haïkus de Sôseki à rire et à sourire est un ouvrage sympathique, à feuilleter pour décompresser et faire voyager son imaginaire...
 
 
Deux exemples de haïkus de Sôseki illustrés par Minami Shinbô 
 
 
 
 

mardi 18 août 2015

Petites mésaventures amoureuses volume 1, de Yuki Yoshihara

Fiche technique :
 
Auteur : Yuki Yoshihara
Traducteur : Julie Gerriet
Titre : Petites mésaventures amoureuses
Série / Volume : Petites mésaventures amoureuses volume 1
Editeur / Collection : Soleil / Shojo
Nombre de pages : 192
Date de parution : Novembre 2014
 
 
Présentation éditeur :
 
Sale journée pour Kanzaki : son copain l’a larguée et, à 23h dans le froid sur le pas de sa porte, elle découvre qu’elle a perdu ses clés. Et le double des clés est bien sûr resté chez son ex... Elle sera sauvée par son voisin du dessus, un célibataire un peu bizarre qui reste tout le temps cloîtré chez lui, qui passera par son balcon pour lui ouvrir la porte. Mauvaise idée, ce dernier s’invite désormais chez elle en passant par le balcon quand ça lui chante !
 
 
Avis :
 
Ce manga se compose de quatre courtes histoires d'amour :
  • La Raiponce du dernier étage : Kanzaki, récemment séparée de son petit ami, a perdu les clés de son appartement et n'a d'autre choix que de demander de l'aide à son mystérieux propriétaire, qui n'est autre que son voisin du dessus.
  • Premier amour : Jeune femme au foyer, Nana mène une vie tranquille auprès de son mari, qu'elle a épousé après une rencontre arrangée. Mais depuis un mois, elle épie un jeune lycéen dont elle est tombée amoureuse.
  • Les fleurs et le gardien de tombes : Hôtesse dans un bar, Hélène a reçu une compensation financière pour avoir accepté de rompre avec son riche et célèbre petit ami. En colère, elle décide d'utiliser cet argent pour s'acheter une tombe.
  • Pour une lumière : Un soir, Satsuki trouve sur son palier son demi-frère qui a décidé de venir vivre avec elle, car "Une famille doit vivre ensemble". La cohabitation entre les deux jeunes gens, qui n'ont aucun lien de sang, va prendre une tournure inattendue. 
 
Toutes ces histoires ont comme point commun des femmes seules ou en manque d'amour qui vont faire une rencontre qui va leur redonner goût au bonheur. Les personnages masculins sont entreprenants, et, à force d'insister lourdement (et d'user un peu de leur charme aussi), vont rapidement arriver à leurs fins. Comme il s'agit d'un "mature shojo", c'est à dire d'un manga destiné à un public féminin mature, les romances se terminent au lit, mais contrairement aux autres titres de l'auteur on reste ici dans la suggestion : à part quelques petits bisous et deux-trois scènes où les amoureux sont enlacés sous les draps, il n'y a pas grand chose.
 
Les dessins sont clairs et aérés, il y a très peu de décors et les trames sont discrètes. Les personnages sont agréables à regarder, vraiment très bien dessinés en mode "normal" et amusants en mode "je m'énerve". Les visages sont suffisamment expressifs pour que l'on saisisse tous les sentiments qui les habitent, mais les postures sont un peu rigides et parfois peu réalistes, surtout lors des - rares - scènes d'action.
 
En ce qui concerne les quatre romances, j'ai trouvé les intrigues un peu tirées par les cheveux et sans réelles surprises. Dès les premières cases on sait comment cela va se terminer : bien, forcément ! Mais bon, comme c'est un trait commun à bien des romances, que ce soit en littérature, en bande dessinée ou à l'écran, on va faire avec. Mis à part cela, ces histoires regorgent de tendresse et de bons sentiments et les personnages sont sympathiques, mais extrêmement stéréotypés.
 
La lecture de ce manga est agréable, et, même s'il ne contient rien d'exceptionnel ou d'inoubliable, j'ai passé un bon moment, notamment grâce aux nombreuses touches d'humour qui parsèment ces histoires. Je réserverais cependant ces Petites mésaventures amoureuses aux fans de la mangaka. Si vous ne connaissez pas Yuki Yoshihara, commencez plutôt par lire Ma petite maîtresse ou Darling, la recette de l'amour, qui sont d'un niveau bien supérieur, et de loin !
 
 
Notation :
 
7,5/10.



 

vendredi 31 juillet 2015

Le chevalier d'Éon, de Tow Ubukata

Fiche technique :

Auteur : Tow Ubukata
Traducteurs : Éric Faure, Rodolphe Massé, Alexandra Maillard
Titre : Le chevalier d'Éon
Editeur / Collection : Calmann-Lévy / Littérature étrangère
Nombre de pages : 192
Date de parution : Février 2008


Présentation éditeur :

Paris, XVIIIème siècle. Après de longues années de séparation, le jeune d’Éon de Beaumont se réjouit de revoir enfin sa sœur aînée, Lia, qui vit désormais à la cour de Louis XV. Mais l’heure des retrouvailles est assombrie par une terrible découverte : tout l’équipage de la dame, intime de la famille royale, a été sauvagement assassiné. Et Lia reste introuvable. Unique indice sur les lieux du crime : le mot « PSAUMES » écrit avec le sang des victimes… Insistant pour participer à l’enquête, d’Éon apprend que quatre autres jeunes filles ont disparu dans des conditions tout aussi mystérieuses. L’énigme s’épaissit encore lorsque les indices disparaissent et qu’on écarte sans raison le jeune homme de l’investigation. Mais guidé par une force occulte qui le pousse à continuer, le chevalier va s’engouffrer dans un labyrinthe de faux-semblants qui le mèneront directement au Secret du Roi, la police secrète de Sa Majesté dans laquelle il va s’engager dans l’espoir de retrouver sa sœur…
Première pierre du titanesque projet Chevalier d’Éon parallèlement décliné en manga (aux éditions Asuka) et en animé (chez Kaze), à la fois roman d’apprentissage et enquête policière, ce thriller ésotérique aux frontières du fantastique nous propose une plongée haletante au cœur d’une Europe en ébullition.


Avis :

Le chevalier d'Éon est un vaste projet multi-support qui décline la même histoire en roman, manga (8 volumes) et anime (24 épisodes). Chaque média est indépendant des autres, vous pouvez donc entrer dans l'univers du chevalier d'Éon par la porte que vous voulez. Pour ma part, j'ai décidé de commencer par le roman... J'aurais mieux fait de m'abstenir !
 
Ce roman nous narre les aventures d'Éon de Beaumont, parti à la recherche de sa sœur, Lia de Beaumont. Ne vous attendez surtout pas à lire des aventures romancées du véritable chevalier d'Éon, les deux personnages (le vrai et le fictif) n'ont pratiquement rien en commun, même pas le patronyme (hé oui, "d'Éon" n'est pas censé être le prénom du monsieur). Malgré cela ce roman promettait d'être très intéressant car il mêle histoire, enquête policière et aventures fantastiques, des genres que j'affectionne tout particulièrement.
 
Il y a quelques points positifs, malheureusement ils sont loin d'être majoritaires :
  • l'idée générale est intéressante ;
  • l'histoire est séparée en 6 parties au découpage similaire, composées chacune de 3 chapitres relativement courts, ce qui fait qu'on n'est jamais perdu dans une lecture que l'on peut morceler à l'envie ;
  • ... ;
  • en fait, je ne vois pas d'autres points positifs.
 
Les points négatifs du roman sont visibles dès les premières lignes. Alors, en vrac, il y a :
  • beaucoup d'anachronismes et d'approximations concernant l'époque, les pays, les coutumes, etc. Cette vision très personnelle et "japonaise" de l'auteur peut prêter à sourire si on est indulgent (mieux vaut en rire qu'en pleurer, non ?) ;
  • une enquête qui part dans tous les sens, qui est résolue n'importe comment, au petit bonheur la chance, tant l'utilisation des "indices" est inappropriée ou inexistante. Pas la peine d'essayer de résoudre les énigmes en même temps que le héros, cela ne sert strictement à rien pour faire avancer l'histoire ;
  • la résolution des énigmes est risible, tout est à base d'anagrammes et les solutions sont vraiment tirées par les cheveux. Par exemple, Éon rejoint les services secrets de Louis XV et se voit attribuer le nom de "chèvre" (ne rigolez pas, Louis XV est quant à lui "cheval-blanc", un nom de code que j'aurais plutôt attribué à Henri IV, mais bon on ne va pas chipoter). Éon et sa sœur Lia sont très liés depuis l'enfance, et la principale mission d'Éon est de retrouver sa sœur. Et là, il a une illumination : "chèvre" et "Lia" sont l'anagramme de... ta dam : "chevalier" !! Et voilà comment d'Éon devient le Chevalier d'Éon !! C'est n'importe quoi ! Et toutes les énigmes sont du même acabit ;
  • l'attribution de noms totalement ridicules : les grands méchants s'appellent "Notre-Père" et "Gargouille-poétesse", il n'y a vraiment pas de quoi frissonner ;
  • les personnages ont autant de personnalité qu'un groupe de bigorneaux avariés, et Éon, le héros, ne doit pas avoir plus de 3 neurones en état de fonctionnement tant il est incapable d'additionner deux faits pour en tirer une conclusion ;
  • les nombreuses répétitions (il y en a beaucoup trop) et les explications superflues alourdissent le texte.
Il y a encore bien d'autres points négatifs, mais tous les lister me prendrait la journée... et puis il faut bien vous laisser quelques découvertes à faire, au cas improbable où vous voudriez lire ce roman ;-)
 
Pour conclure, Le chevalier d'Éon est un navet que je déconseillerais à mon pire ennemi. Personnellement, il m'a dégoûtée de découvrir le manga et l'anime... Dommage, si cela se trouve ils étaient de bonne qualité...
 
 
Notation :

4/10.
 
 

dimanche 3 mai 2015

Seventeen, de Kenzaburô Ôé

Fiche technique :
 
Auteur : Kenzaburô Ôé
Traducteurs : Ryôji Nakamura et René de Ceccatty
Titre : Seventeen
Editeur / Collection : Folio / 2€
Nombre de pages : 96
Date de parution : Mai 2011
 
 
Résumé éditeur :
 
Un adolescent fête ses dix-sept ans dans l'indifférence de sa famille, en pleine décomposition. Complexé, mal dans sa peau, incompris de ses parents, il est terriblement frustré. Obnubilé par ses pulsions sexuelles, il s'est replié sur lui-même et toise ses camarades d'un regard méprisant. Il constitue une proie idéale pour les militants d'extrême droite qui recrutent des jeunes pour donner la claque lors des meetings du parti de l'Action Impériale...
Inspirée de faits réels, cette nouvelle du grand maître de la littérature japonaise contemporaine (prix Nobel de littérature 1994) nous plonge dans le mal-être du Japon des années soixante.
 
 
Avis :
 
Ecrit à a première personne du singulier, ce court récit nous plonge directement dans les pensées d'un petit branleur, au sens littéral du terme. Le narrateur, qui vient d'avoir dix-sept ans dans l'indifférence générale, nous fait partager son quotidien entre dégoût de soi et haine des autres ; une famille distante, des camarades de classe moqueurs et des professeurs condescendants : la vie n'est pas rose quand on est un "seventeen" solitaire. En manque cruel de reconnaissance, le narrateur (nous ne saurons jamais son nom) peine à trouver sa voie, jusqu'au jour où, après une énième humiliation publique, il assiste par hasard à un meeting d'extrême-droite qui va changer sa vie. Il ne fallait pas grand chose pour qu'il prenne cofinance en lui et sorte de sa spirale infernale d'auto-apitoiement, juste un peu d'écoute et d'intérêt... ce que sa famille et ses proches n'ont pas pu ou su lui donner, un groupuscule politique et son charismatique leader le feront.
« Certes, je suis un seventeen pitoyable et laid, mais le monde d’autrui m’a tout de même infligé un sort cruel, trop cruel. Maintenant je vais cesser de me raccrocher à leur monde réel en espérant y trouver un peu de bonté : j’en ai décidé ainsi, plongé dans un abîme de honte et d’épuisement [...] ».
Cette chronique adolescente est très bien écrite ; j'ai parfaitement ressenti le mal-être du narrateur tout au long de la première partie du récit, puis son basculement idéologique et la prise de conscience de sa force intérieure. Le contexte historique et politique qui apparaît en filigrane est également très intéressant : occupation américaine, forces de défense japonaises, montée des groupuscules politiques de gauche et de droite, le Japon des années 1960 connait de nombreux bouleversements et remises en question, à l'instar du jeune narrateur. Je n'ai qu'un seul gros regret concernant ce récit : l'insistance - lourde - de l'auteur sur les scènes d'onanisme ; le message est clair dès les premières lignes, je ne vois pas la peine de revenir sans cesse sur le sujet... à moins que ce ne soit révélateur des pensées qui obsèdent les adolescents de sexe masculin.


Notation :
 
7/10.



 

mercredi 22 avril 2015

Inju, la bête dans l'ombre, de Ranpo Edogawa

Fiche technique :
 
Auteur : Ranpo Edogawa
Traducteur : Jean-Christian Bouvier
Titre : Inju, la bête dans l'ombre
Editeur / Collection : Editions Philippe Picquier / Picquier poche
Nombre de pages : 144
Date de parution : Août 2008
 
 
Quatrième de couverture :
 
Dans ce roman très célèbre, subtil jeu de miroirs où le narrateur, Edogawa Ranpo lui-même cherche à élucider un meurtre commis pas un autre auteur de littérature policière, on retrouve - comme dans tous ses romans - cette curieuse alchimie entre une intrigue rigoureuse et une narration envoûtante, dans des mises en scène fantastiques et obsessionnelles de perversions sexuelles.
 
Ce livre est antérieurement paru sous le titre La Proie et l'ombre.
 
 
Détail du recueil :
 
Inju, la bête dans l'ombre (La Proie et l'ombre) :
Interpelé par une jeune femme victime de harcèlement de la part de son ancien amant, Ranpo Edogawa se laisse convaincre de mener l'enquête pour le retrouver. Il accepte d'autant plus facilement que cet ancien amant se trouve être son grand rival en littérature.
 
Le test psychologique :
Etudiant pauvre et imbu de lui-même, Seiichiro Fukiya pense avoir commis le crime parfait. C'est sans compter sur l'instinct du juge Kasamori qui décide d'utiliser un test psychologique afin de démasquer le coupable.
 
 
Avis :
« Je crois qu'au fond, il existe deux types d'auteurs de romans policiers : ceux qui sont du côté du "criminel" et ceux qui sont du côté de "l'enquêteur". Les premiers, même s'ils sont capables de mener une intrigue serrée, ne trouvent leur bonheur que dans la description de la cruauté pathologique du criminel, tandis que les seconds, au contraire, n'y attachent aucune importance ; seule compte à leurs yeux la finesse de la démarche intellectuelle de l'enquêteur. Shundei Oe, l'homme qui va être au centre de mon récit, est un auteur qui appartient à la première école ; quand à moi, je me considère plutôt comme un représentant de la seconde. »
Inju, la bête dans l'ombre est un court roman policier qui réussit, en à peine 100 pages, à installer une atmosphère oppressante et délétère. Ranpo Edogawa se retrouve au centre d'une machination complexe qu'il nous présente comme ayant réellement existée et dont il nous livre le récit à la manière d'un témoignage, et non d'un roman.
Le rythme du texte est plutôt lent, mais l'enquête est prenante et les retournements de situation maintiennent le suspense jusqu'aux dernières lignes. Très bien écrit, ce récit permet une immersion parfaitement réussie dans la vie quotidienne du Japon au tout début de l'ère Shōwa (1926-1989), et donne un petit aperçu du métier d'écrivain. Quant aux "perversions sexuelles" annoncées dans la quatrième de couverture, il ne s'agit en fait que de quelques coups de cravache entre adultes consentants ; rien à voir avec ce qui a pu se faire dans l'adaptation cinématographique de 2008...

« Prendre les criminels au piège [...] ce n'est pas si compliqué. L'important est de savoir leur poser les bonnes questions. »
Le test psychologique est une nouvelle de facture assez classique, avec un criminel dont l'on connait l'identité dès le début de l'histoire et un juge qui essaie de le démasquer. L'utilisation d'un test psychologique est plutôt intéressante, et le tableau des réponses obtenues nous est fourni pour que l'on puisse, à l'instar des forces de l'ordre, apporter la preuve de la culpabilité du suspect. A noter la présence en "guest-star" du détective Kogoro Akechi, héros récurrent de nombreux romans de Ranpo Egogawa.
La nouvelle est intéressante, bien écrite et agréable à lire. Trente pages suffisent pour planter le décor, présenter de manière fluide les différents personnages et lancer une action allant de la préparation d'un crime à sa résolution ; rien ne manque, et on ne reste pas sur sa faim comme cela arrive souvent à la lecture de courtes nouvelles. Que du positif !


Notation :
 
7,5/10.