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dimanche 26 novembre 2017

L'autre Côté de nulle part, de Jean-Pierre Fontana

Fiche technique :
 
Auteur : Jean-Pierre Fontana
Titre : L'autre Côté de nulle part
Editeur : Armada
Nombre de pages : 286
Date de parution : Octobre 2017
 
 
Quatrième de couverture :
 
Jean-Pierre Fontana maîtrise un grand nombre de genres littéraires, mais c’est dans l’art subtil de la nouvelle qu’il excelle.
Lire ses nouvelles, c’est s’immerger avec plaisir au coeur de mondes insolites que son style actif et imagé évoque de façon quasi cinématographique. Et en technicolor encore !
Après l’important recueil Souvenirs de Demain, paru chez le même éditeur, L’autre Côté de nulle part vient compléter la palette aux multiples talents de l’auteur. Il nous ouvre d’autres portes inattendues car rien ne fait peur à ce diable d’homme, incapable de résister, pour peu qu’on le lui demande, à de nouvelles expérimentations.
 
 
Sommaire des nouvelles :
 
✵ L'Ombre portée
✵ Chronoléthite
✵ La Cité sous le volcan
✵ Le Martien
✵ La Collectionneuse
✵ L'Homme noir
✵ Circé II ou Les proies de Céliamonde
✵ L'Enfant à l'étoile
✵ La Clostro
✵ L'Autre côté de nulle part
✵ Monsieur Verbronq
✵ Le Chat et le rat
✵ Bienvenue parmi Nous
✵ La Martienne
✵ Le Jour où la pluie
✵ Demain matin au chant du colt
 
 
Avis :
 
En quinze nouvelles et une œuvre musicale (malheureusement sans musique), Jean-Pierre Fontana nous entraîne dans son imaginaire riche et imagé, de L'autre Côté de nulle part.
 
Je ne détaillerais pas les nouvelles pour vous laisser le plaisir de la découverte, surtout que certaines sont vraiment très courtes, mais sachez qu'elles vous aideront sans difficulté à vous évader de votre quotidien. Avec elles j'ai voyagé, j'ai frémi, j'ai ri et j'ai été émue, j'ai rêvé et je me suis posée quelques questions.
Jean-Pierre Fontana a une plume directe et descriptive, les décors sont bien plantés et les actions bien décrites, j'ai facilement été transportée, un peu comme si je regardais défiler l'histoire sur un écran. Certains  textes sont des inédits, les autres sont les versions revues et corrigées de nouvelles auparavant publiées dans des revues aujourd'hui introuvables, et pour cause : certains écrits remontent aux années 1960 ! Ce sont plus de cinquante ans d'inspirations de toutes sortes qui peuplent les pages de ce sympathique recueil. Il y en a pour tous les goûts, ou presque, en allant du fantastique à l'horreur, en passant par la science-fiction et l'aventure. Impossible de s'ennuyer en lisant la plume de Jean-Pierre Fontana, je regretterais juste le coté tragique quasi systématique de ces nouvelles : rien de bien gênant cependant pour peu que l'on ne lise pas le recueil d'une traite.
 
Un grand merci aux éditions Armada et au site Babelio pour cette belle découverte faite dans le cadre de l'opération Masse critique.



samedi 23 septembre 2017

Alien : la sortie des profondeurs, de Tim Lebbon et Dirk Maggs (livre audio)

Fiche technique :

Auteurs : Tim Lebbon et Dirk Maggs
Lu par : Tania Torrens, Patrick Béthune, Frantz Confiac, Sophie Riffont, Jérôme Pauwels, Hélène Bizot
Titre : Alien : la sortie des profondeurs
Editeur : Audible Studios
Durée de l'écoute : 4h31
Date de parution : Mars 2017


Présentation éditeur :

Enfant, Chris Hooper rêvait souvent de monstres. Mais dans le fin fond de l'espace, il n'a trouvé que la solitude et l'isolement. Une fois arrivés sur la planète LV178, Hooper et ses compagnons de bord ont découvert une terrible tempête de sable, un véritable enfer... et de la trimonite, la matière la plus dure connue de l'homme.
Quand une navette s'écrase dans le vaisseau spatial le Marion, les mineurs installés sur la planète apprennent qu'il y avait bien plus que de la trimonite au fond des cavernes. Il y avait le mal, qui lui, hibernait et attendait une proie convenable. Hoop et ses acolytes découvrent un nid de Xénomorphes, et l'enfer prend alors une autre dimension. Ils vont rapidement se rendre compte que leur seul espoir viendra du plus improbable des sauveurs... Ellen Ripley, la dernière survivante humaine du navire de sauvetage Nostromo.


Avis :

Vous aimez les ambiances oppressantes et les monstres qui surgissent de l'obscurité ? Vous aimez les petites et grandes frayeurs qui font sursauter au moindre bruit ? Dans ce cas l'écoute d'Alien : la sortie des profondeurs devrait vous combler. Que l'on connaisse la saga de films Alien ou non, cette expérience audio est des plus réjouissantes !

Paru initialement (et en exclusivité) chez Audible sous forme de feuilleton, épisode après épisode, Alien : la sortie des profondeurs bénéficie maintenant d'un format intégral. A son propos, l'éditeur parle d'une "création omni-sonore immersive", c'est-à-dire qu'il y a plusieurs voix, des bruitages et une musique d'ambiance qui nous plongent dans l'histoire. Ce n'est pas à proprement parler un livre audio - même s'il s'agit de l'adaptation d'un roman de Tim Lebbon - , cela se rapprocherait plus selon moi d'un feuilleton radiophonique. Si vous n'appréciez pas l'écoute d'un livre audio car cela vous semble soporifique et/ou monotone sachez qu'ici le rendu est totalement différent : entre les changements de voix, les bruitages, la musique de fond, les halètements et les hurlements vous ne risquez pas de vous endormir ! Le jeu des acteurs est plutôt bien fait, il suffit de fermer les yeux pendant l'écoute pour visualiser les scènes avec beaucoup de réalisme. A noter que les fans de la série Alien retrouveront avec plaisir la voix française originale d'Ellen Ripley.

En ce qui concerne l'histoire, Alien : la sortie des profondeurs se situe entre le premier et le deuxième film de la saga Alien. Ceux qui n'ont pas vu le premier film ne seront pas perdus car de nombreuses explications sont données tout au long du récit, et ceux qui ont vu les deux films s'amuseront de voir comment cette histoire s'insère dans la chronologie d'Alien sans la bouleverser. L'intrigue, assez classique, est une succession d'actions, de rebondissements, de coups fourrés et de courses poursuites. Les personnages sont intéressants bien que peu développés, les dialogues sonnent plutôt juste, et puis de toute façon on est tellement pris par l'ambiance angoissante que le reste n'a pas vraiment d'importance. J'ai été happée par cette écoute assez rapidement, et ensuite impossible de m'arrêter avant la fin de l'histoire : l'immersion a été une réussite, mon cœur s'est emballé plus d'une fois tant j'avais l'impression de fuir les Xénomorphes en compagnie de Ripley et Hooper.
 
Prêts à tenter l'expérience ? Alors branchez vos écouteurs, fermez les yeux et plongez dans un nid de Xénomorphes... frissons garantis !
 
 
 

vendredi 28 avril 2017

Dormeurs, d'Emmanuel Quentin

Fiche technique :
 
Auteur : Emmanuel Quentin
Titre : Dormeurs
Editeur : Le peuple de Mü
Nombre de pages : 299
Date de parution : Mai 2016
 
 
Quatrième de couverture :
 
Il en est des rêves comme de la vie. Comment les traverser, comment les affronter ? On peut être endormi et se rêver poète, espion, astronaute, plongeur, aventurier, voyageur le long des côtes, sur la route, sombrant dans n’importe quel abîme ou contournant les obstacles.
Dans une société dévastée par une crise économique sans précédent, des « Dormeurs professionnels » ont été sélectionnés pour la richesse structurelle de leurs rêves. Fredric Jahan est l’un d’eux. Les images de son sommeil, enregistrées à l’aide de capteurs nanotechnologiques pour une clientèle fortunée, caracolent en tête des ventes. Mais un jour, ses rêves, trop réalistes, ne s’enregistrent plus…
 
 
Avis :
 
Dormeurs est un premier roman passionnant, à cheval sur plusieurs genres. Science-fiction, anticipation et thriller, le mélange est vraiment réussi ; que vous soyez ou non familier avec ces genres littéraires, vous apprécierez ce roman, je vous le garantis !
 
Nous sommes en 2017 et le monde a connu une grave crise économique : chômage de masse, désengagement de l'Etat, augmentation de la violence et des inégalités sociales... cela vous rappelle quelque chose ? Sauf que le monde présenté dans le roman est plus évolué technologiquement que le notre. Un chouia plus évolué. De la nanotechnologie permet d'enregistrer les rêves qui, retouchés, sont vendus à une clientèle aisée friande d'évasion. Fredric est l'un des rares dormeurs professionnels en activité en France, et ses rêves de qualité lui permettent de bien gagner sa vie. Jusqu'au jour où un cauchemar l'assaille. Un cauchemar dérangeant et réaliste, habité par un homme en rouge. Un cauchemar qui continue de le poursuivre une fois éveillé, et qui ne s'est pas enregistré. A partir de ce moment là l'existence de Fredric va prendre une tournure inattendue, mais je ne vous en dirais pas plus...
 
Avec Dormeurs, vous allez aller de surprises en surprises. Je ne savais pas trop à quoi m'attendre avec ce roman, et je dois dire que je ne suis pas déçue. Je l'ai dévoré d'une traite, emportée par l'action et le suspense constants. Le récit est fait à la première personne, dans un style familier agréable à lire. Les chapitres sont relativement courts, parfois entrecoupé d'articles de journaux ou de courriers. Les rebondissements sont nombreux et inattendus, impossible de prévoir où l'auteur va nous mener... J'ai suivi le parcours du héros avec beaucoup d'intérêt, j'ai frissonné et je me suis interrogée avec lui, j'ai été surprise, choquée ou attristée, et cela jusqu'à la dernière page. J'ai trouvé la fin un peu abrupte à mon goût, mais elle s'inscrit parfaitement bien dans la logique de l'histoire. Pour un premier roman, c'est clairement une réussite ! Je n'aurais aucune hésitation à suivre Emmanuel Quentin, j'ai même hâte de découvrir son prochain roman... cela tombe bien, il sort début juin 2017 !
 
 
 
 

lundi 20 mars 2017

Trafiquants d'âmes, de Michel Lamart

Fiche technique :

Auteur : Michel Lamart
Titre : Trafiquants d'âmes
Editeur / Collection : Lune écarlate / Lune étoilée
Nombre de pages : 196
Date de parution : Novembre 2016


Présentation éditeur :

Michel Lamart est né en 1949, mais sa principale caractéristique est d’être un touche à tout (critique, nouvelliste, poète, parolier, auteur dramatique) qui se reconnaît en matière de Science Fiction deux maîtres, et pas des moindres : Daniel Walther et le regretté Alain Dorémieux.
Il met ici deux mondes en opposition : celui des individus qui se veulent libres et celui des masses, des foules dévoreuses et violentes menées par des puissants peu scrupuleux. Ces derniers sont prêts à tout pour conserver le pouvoir et leur mainmise sur les personnes. Les autres n’ont pour seules armes que leur vision du monde et une solidarité naissante du côté des obscurs, des sans grades.
Et, bien sûr, la victoire est dans le camp de ceux qui savent, qui ont la capacité de prendre en compte les exigences du monde réel et les conséquences de leurs actes.
La réalité ? Une réalité ? Mais laquelle ?
Celle de Rom, de Monk, de Starre, des Errants, de Neal d’Ève, des Bulliens, de Brüss ? La nôtre ? Ou simplement celle d’un monde inventé par un auteur qui se soucie peu des modes ?
Les réalités inventées ne sont jamais calmes et sereines. Elles grouillent de vie et d’événements subis et/ou maîtrisés par les personnages.
La réalité des Trafiquants d’Âmes est, bien entendu, celle de la lutte pour se maintenir au pouvoir, mais peut-être encore bien davantage celle de se découvrir et passer outre ses limites.


Avis :

J'ai lu Trafiquants d'âmes de Michel Lamart dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Lune écarlate qui lancent une nouvelle collection dédiée à l'anticipation et la science-fiction : Lune étoilée.
 
Plus de deux semaines après avoir terminé Trafiquants d'âmes, je ne sais toujours pas si j'ai aimé ou non ce roman. J'y pense souvent, preuve qu'il a eu un impact sur moi, mais je n'arrive pas à me décider... Alors, bon ou mauvais ? Il y a du positif, mais également plusieurs points négatifs, du moins en ce qui me concerne.
Commençons par le positif, c'est quand même le plus important. L'intrigue est ce qui m'a le plus plu dans ce roman. Elle se déroule dans un monde post apocalyptique où la population vit dans des bulles, sous une double dictature religieuse et commerciale. Le monde extérieur est devenu inhabitable, les gêneurs et repris de justice y sont bannis dans l'indifférence générale. Michel Lamart nous entraine dans les pas de plusieurs personnages qui vont prendre conscience du monde dans lequel ils vivent et vont tenter de le faire évoluer... Je n'en dirais pas plus pour ne rien dévoiler d'important, sachez simplement que l'intrigue est complexe, cela semble partir dans tous les sens mais le final stupéfiant va remettre toutes les pièces du puzzle en place. Il y a beaucoup d'action, des retournements de situation, un peu de suspense également, bref ça bouge pas mal. Il y a également une réflexion sous-jacente sur l'accès à la liberté par la connaissance, l'abrutissement des masses et la mainmise des puissants sur les populations dociles.
Concernant les points négatifs, ce qui m'a gêné dans cette lecture, il y a tout d'abord le style de l'auteur. Je n'ai pas du tout adhéré à sa plume, ni à sa façon de présenter les faits, sans explications (elles viennent bien souvent plus tard dans le texte) ni transitions (je me suis souvent demandée qui faisait quoi car les changements de personnages ne sont pas toujours transparents, alors qu'il aurait parfois suffit d'un changement de paragraphe pour clarifier le texte). Les personnages principaux sont nombreux et plutôt variés dans leurs caractères, mais je n'ai pas du tout accroché, je les ai observés de loin sans m'investir dans leurs aventures. C'est dommage car l'empathie (ou au minimum l'intérêt) pour les personnages joue beaucoup dans mon impression de lecture. Le dernier point qui m'a posé problème est la gestion du temps de l'histoire : les évènements se succèdent très rapidement, mais pas de manière réaliste. Par exemple une croisade est décidée, et on a l'impression que 10 minutes après l'annonce des milliers de personnes combattent à plusieurs centaines de kilomètres du point de départ. A côté de cela, un véhicule embourbé mettra un long moment (plusieurs jours ? semaines ?) pour être dégagé et rejoindre le début du combat... J'ai trouvé cela assez déstabilisant de ne pas pouvoir faire une chronologie réaliste, même sommaire, des faits principaux.
 
Pour conclure, Trafiquants d'âmes possède une intrigue déroutante et complexe qui mérite d'être découverte. Je n'ai pas été séduite par le style de Michel Lamart, mais je ne doute pas qu'il puisse faire mouche auprès d'autres lecteurs.



mardi 4 octobre 2016

Il sera une fois..., de Southeast Jones

Fiche technique :
 
Auteur : Southeast Jones
Titre : Il sera une fois... 
Editeur / Collection : Séma éditions / Séma Galaxie
Nombre de pages : 236
Date de parution : Mars 2016
 
 
Quatrième de couverture :
 
Il sera une fois vous invite à rêver demain : de l’humain au surhumain, de notre insignifiante petite planète aux confins de l’univers et au-delà, Southeast Jones vous convie à découvrir ses visions d’avenir au travers de quinze contes étranges, drôles ou inquiétants.
Ces histoires hors du commun vous fourniront nombre de réflexions sur les futurs possibles imaginés par l’auteur : quelle serait votre réaction si vous appreniez qu’il y a bien une vie après la mort ? Qui est ce Père Noël un peu bizarre que l’on voit le 24 décembre sur Carabistouille IV ? Quelles pourraient être les conséquences de la victoire des mutants contre le genre humain ? Quelles traces garde-t-on quand on a été avalé par un ogre ? Que faire si, pour sauver la Terre, il fallait détruire l’Humanité ?
S’inspirant du « Golden Age of science-fiction », l’auteur vous ouvre grand les portes de ses univers.
 
 
Détail des nouvelles :
 
Barbares ! : La colonie spatiale Manamée doit faire face à l'invasion de barbares destructeurs de mondes.
Contrat : Il faut bien réfléchir aux conséquences quand on signe un contrat avec le diable.
Emancipation : Un homme sujet à une agoraphobie sévère se terre dans sa maison en attendant la fin du monde.
Divergence d'opinion : Quand une guerre de religion mène à l'extinction d'un peuple.
Question de foi : Quand le Pape rencontre un extraterrestre, la foi va être mise à rude épreuve.
Rétrocession : La dure vie de marin, sur mer ou dans l'espace.
Jonas : Une rencontre bien particulière dans un cabaret de troisième zone.
Trip : L'expérience ultime d'Internet.
Grand-Veille : Deux jours de fête, c'est l'occasion de se retrouver en famille.
Notre-Dame des opossums : Les rapports d'une expédition scientifique mystérieusement disparue sont découverts dans un vaisseau abandonné.
Début de semaine : La troisième guerre mondiale est déclarée.
Le C.R.I.M. était presque parfait : Quand l'envie de tester une nouvelle invention est plus forte que le soucis de sa propre sécurité.
Le temps du repos : Les derniers instants d'un monstre.
Noël lointain : Un bien étrange Père Noël est apparu dans le ciel.
Les enfants de nos enfants : Un aperçu de l'évolution de l'espèce humaine.
 
 
Avis :
 
Il sera une fois... Voici un titre bien évocateur ! En 15 nouvelles, Southeast Jones nous entraîne dans un futur plus ou moins lointain, aux multiples facettes, qui toutes (ou presque) ont trait à la fin de l'homme et de la Terre tels que nous les connaissons actuellement. Rencontres extraterrestres, découverte de l'univers, évolution naturelle (ou non), avancées technologiques, guerres et utilisation d'armes de destruction massive, les manières de détruire mondes et civilisations sont nombreux, tout comme les futurs qui en découleront.
Les histoires sont plutôt sombres - plus par les thèmes abordés que par le ton employé -, souvent mélancoliques, et elles finissent mal en général ; pourtant je suis ressortie de cette lecture étrangement sereine et optimiste alors que je m'attendais à être morose et déprimée. J'ai pris énormément de plaisir à lire ce recueil de nouvelles, toutes m'ont beaucoup plu, même si j'ai eu un coup de coeur pour Barbares ! qui m'a émue et dont la fin m'a vraiment surprise et Notre-Dame des opossums qui distille les informations au compte goutte pour maintenir le lecteur en haleine. L'écriture de Southest Jones est belle et fluide, il alterne drames et récits plus légers, parfois teintés d'humour, sans problème. Les histoires sont complètes, on entre dans le vif du sujet très rapidement, c'est clair et précis, mais les émotions sont quand même bien présentes. Aucun de ces texte ne peut laisser le lecteur indifférent, ils vont vous faire voyager, frissonner, rire ou pleurer... et surtout réfléchir . Et pour poursuivre cette invitation au voyage, à l'évasion, chaque nouvelle est illustrée par un graphiste du collectif Artistes Fous Associés auquel appartient l'auteur.
 
 
Exemples d'illustration : Début de semaine par JC Gapdy (à gauche) et Trip par Stef-W (à droite)

Si vous souhaitez allier évasion et réflexion sur le futur qui nous attend, ne passez pas à côté d'Il sera une fois... ! A découvrir en format numérique ou papier aux éditions Séma. Un grand merci à eux pour cette très belle découverte !



dimanche 24 juillet 2016

L'étrangère, de Gardner Dozois

Fiche technique :
 
Auteur : Gardner Dozois
Traducteur : Jacques Guiod
Titre : L'étrangère
Editeur / Collection : ActuSF / Perles d'épice
Nombre de pages : 262
Date de parution : Juin 2016
 
 
Quatrième de couverture :
 
La première fois que Joseph Farber vit Liraun Jé Genawen, il la trouva pleine de mystères. C’était durant l’Alàntene, « la Pâque du solstice d’hiver, l’Ouverture-des- Portes-de-Dûn » sur la planète Lisle. Pour l’extraterrestre, Farber bravera tous les interdits et tabous, jusqu’à se faire modifier génétiquement pour pouvoir s’unir à elle. Et pourtant, comme toutes les plus grandes histoires d’amour, leur idylle connaîtra une fin tragique...
 
 
Avis :
 
J'ai pu lire L'étrangère de Gardner Dozois par le biais d'un service de presse des éditions ActuSF : un immense merci à eux pour cette superbe découverte ! Je ne serais pas allée spontanément acheter ce livre en librairie (je trouve que la couverture n'est pas particulièrement belle, même si elle intrigue, et la quatrième de couverture ne m'attirait pas particulièrement), et du coup je serais passée à côté d'une très belle histoire, ce qui aurait été vraiment dommage.
 
Publié pour la première fois aux Etats-Unis en 1978, L'étrangère n'a pas pris une ride. Alors que beaucoup d'histoires de science-fiction des années 1970-1980 paraissent affreusement datées et ringardes quand on les (re)lit quarante ans plus tard, ce roman réussit le pari d'être intemporel et universel.
Histoire d'amour tragique à l'écriture soignée et poétique, L'étrangère se dévore d'une traite. Le rythme de l'histoire est assez lent, le ton plutôt mélancolique, les descriptions sont somptueuses et les émotions des différents protagonistes très bien rendues : c'est un roman d'atmosphère plus qu'un roman d'action, il vous fera réfléchir sur l'Homme et sa perception du monde qui l'entoure tout en vous divertissant avec une intrigue éminemment exotique. Il y est question de rencontre entre deux solitaires, étrangers à leurs propres mondes, de découverte et d'immersion dans une culture étrangère, de non-dits et d'incompréhensions mutuelles qui conduisent au drame... Les personnages principaux ne sont pas particulièrement attachants, mais les décors sont envoûtants, le ton est juste et l'histoire est tragiquement belle... Voilà un roman qui va me hanter longtemps !
 
Un conseil, ne passez pas à côté de L'étrangère sans en lire au moins quelques pages : à mon avis vous serez vite conquis...




mardi 14 juin 2016

Un tremplin pour l'utopie (recueil de nouvelles)

Fiche technique :
 
Auteurs : Estelle Faye / A.D.B. / David Chambost / Vincent Gaufreteau / Ariel Holzl / Aurélia Léon / Bruno Pochesci / Christian Chavassieux
Titre : Un tremplin pour l'utopie
Editeur / Collection : Les Indes de l'Imaginaire / Hélios
Nombre de pages : 132
Date de parution : Mai 2016
 
 
Quatrième de couverture :
 
L'utopie ! Pas de société dysfonctionnelle, pas de dystopie... Pas d'utopies conduisant à l'apocalypse ou la tyrannie verte, rouge, noire, bleue, chromée, Z, bio, etc. Pas d'enfers pavés de bonnes intentions. L'utopie : la vraie, celle qui est réalisée (va se réaliser, s'est réalisée), celle qui est viable, qui fonctionne !
Une anthologie gratuite pour le n°50 de la collection Hélios. L'utopie !
Pour faire rêver, réfléchir, donner des idées, des envies, ouvrir des voies, redonner une vision aux possibles. Car, sans utopie, la vie vaut-elle vraiment d'être rêvée ? Et aussi pour fêter le collectif éditorial à l'origine d'Hélios (ActuSF, Mnémos et les Moutons électriques), notre utopie en marche à nous !
Au sommaire, des nouvelles de 6 débutants sélectionnés par les directions littéraires de nos 3 maisons : A.D.B, David Chambost, Vincent Gaufreteau, Ariel Holzl, Aurélia Léon et Bruno Pochesci ; encadrés par deux nouvelles d'auteurs reconnus, Estelle Faye et Christian Chavassieux.
 
 
Avis :
 
Ce recueil, véritable tremplin pour de jeunes auteurs talentueux, est composé de six nouvelles retenues dans la cadre du concours Un tremplin pour l’utopie organisé l’an dernier par les Indés de l’imaginaire et de deux nouvelles inédites d’Estelle Faye et de Christian Chavassieux, les parrains du concours : 
  • Estelle Faye, Les anges tièdes
  • A.D.B., Destinée d'une nation
  • David Chambost, Les premiers jours de mai
  • Vincent Gaufreteau, Anémocratie
  • Ariel Holzl, Le jour où Dieu m'a vue nue
  • Aurélia Léon, Murmures lointains
  • Bruno Pochesci, Le moins pire des mondes
  • Christian Chavassieux, Nulle part, tout le temps
Très différentes dans leurs styles ou leurs genres littéraires, elles ont toutes su m'émouvoir, me faire rêver et réfléchir. Leur point commun ? Proposer une utopie qui fonctionne, que ce soit dans le passé au milieu des pirates, à notre époque après qu'une maladie ait décimé la population mondiale, dans un futur proche ou même très lointain grâce aux progrès technologiques. J'ai préféré certaines nouvelles aux autres (j'ai notamment adoré Le moins pire des mondes de Bruno Pochesci), mais toutes sont de qualité, les jeunes auteurs n'ont rien à envier à Estelle Faye et Christian Chavassieux.
 
Je ne vais pas détailler ces nouvelles car elles sont très courtes, je préfère vous laisser le plaisir de les découvrir l'une après l'autre. Ce recueil est offert pour l’achat de 2 titres de la collection Hélios (ICI ou chez votre libraire préféré), profitez-en, vous ne le regretterez-pas !
 
 
 
 

dimanche 31 janvier 2016

Inner city, de Jean-Marc Ligny

Fiche technique :
 
Auteur : Jean-Marc Ligny
Titre : Inner City
Editeur / Collection : ActuSF / Hélios
Nombre de pages : 324
Date de parution : Janvier 2016
 
 
Quatrième de couverture :
 
En quelques années, Paris est devenue une ville fantôme. Ses derniers habitants sont plongés en permanence dans les réalités virtuelles, bien protégés par une enceinte qui garde à l’extérieur, en banlieue, les pauvres et les miséreux. Mais leur vie dorée est menacée par un tueur agissant dans la Haute Réalité tandis que de l’autre côté du périf, la révolte gronde.
Dans ce climat explosif, Hang traque les scoops les plus sanglants pour mieux les injecter (et les vendre) dans ces mondes virtuels pendant que Kriss enquête pour neutraliser ce serial killer...
 
Roman cyberpunk clef dans la science fiction française et dans la bibliographie de Jean-Marc Ligny (AquaTM, La Saga d’Oap Täo...), Inner City est une nouvelle preuve de l’engagement de son auteur. Il a été couronné à sa sortie par le Grand Prix de l’Imaginaire.
 
 
Avis :
 
Pour ce début d'année, les éditions ActuSF ont décidé de nous gâter en publiant cette version corrigée, remaniée et mise à jour (en tenant compte du développement des technologies informatiques et de communication) d'un roman cyberpunk initialement paru en... 1996. Je ne sais pas trop quel a pu être son impact il y a vingt ans, mais en 2016 Inner City fait froid dans le dos tant la réalité sociétale qu'il présente peut nous paraître proche !
 
Je n'avais jamais lu de romans de Jean-Marc Ligny. J'ai testé les premières pages d'Inner City sur le site des éditions ActuSF et j'ai été happée par le récit dès les premières lignes, ce qui m'a convaincue de le lire. N'étant pas une geek j'avais un peu peur de ne pas vraiment comprendre les références informatiques et / ou technologiques, mais en lisant le roman en entier toutes mes craintes se sont envolées : ce qui nous est décrit ici n'est au final rien d'autre que ce que nous vivons actuellement, en un peu plus élaboré évidemment : réseaux sociaux, commerce et jeux en ligne, immersion 3D, avatars... Quand on voit que Sony s'apprêt à sortir un casque de réalité virtuelle pour le grand public, on se rend compte qu'on est très proche des cyglasses utilisées dans le roman !

Inner City est un très bon roman, qui tient tout autant du polar que de la science-fiction. Et comme tout roman noir que se respecte, il nous livre une image saisissante d'une société à la dérive. D'un côté, il y a un Paris vidé de ses habitants, aux rue désertées et aux voitures poussiéreuses, où les seules traces de vie apparentes sont les robots qui assurent l'entretien et les tâches courantes ; seules quelques personnes errent dans les rues, soit pour le travail, soit parce qu'elles sont en plein délire. Presque toute la population est connectée en permanence à MAYA, la Haute Réalité qui permet de vivre une infinité d'expériences et de réaliser ses fantasmes les plus fous, moyennant finances bien entendu ! De l'autre côté, il y a la banlieue, pauvre et ultra-violente, où personne n'est connecté mais où tout le monde rêve de pouvoir un jour passer de l'autre côté du champ de force qui protège la capitale... Il y a aussi quelques enclaves, des petits villages moribonds où vivent quelques personnes âgées et les rares citoyens exclus de MAYA qui tentent un retour aux sources. Et au milieu de tout cela, il y a Hang, qui n'hésite pas à quitter Paris pour partir à la recherche d'images de plus en plus violentes, de plus en plus choquantes, pour alimenter une réalité virtuelle en quête perpétuelle d'émotions. Et il y a Kriss, une jeune femme employée pour récupérer ceux qui se sont perdus dans la Haute Réalité au point d'oublier qu'ils ont un corps physique. Dans un monde obnubilé par les écrans, où les contacts réels et physiques ont pratiquement disparu, il fallait bien la traque d'un mystérieux assassin pour permettre leur rencontre...

« Il s'est passé tant de choses pour eux, et la situation est encore si critique, qu'ils n'ont pas le temps de réaliser ce qui leur arrive vraiment : la fuite en Basse Réalité, hors du conmonde, sans espoir de retrouver dans un proche avenir le réconfort convivial et chatoyant de MAYA, ses milliers de jeux, simuls, netrades, ses univers gigognes, ses mines de connaissances en hyperview, ses millions d'avatars et de sims en interaction - là où est la vraie vie en somme, fluide, multiforme, composite, métalabyrinthique, éminemment malléable... Prisonniers du réel, de la Basse Réalité si rude, si simple et si pauvre, ils savent que, tôt ou tard, il leur faudra affronter leur conscience. »

L'intrigue d'Inner City est très intéressante et bien développée. Il y a de nombreux rebondissements, beaucoup d'action, et toutes les questions que l'on peut se poser pendant la lecture trouvent une réponse avant la fin du roman. Les descriptions sont vivantes, il n'y a aucun problème pour visualiser ce monde futuriste, en réalité assez peu éloigné du notre. Les personnages sont intéressants, et même si je ne me suis pas beaucoup attachée à eux j'ai pris plaisir à les suivre tout au long de leur aventure. Le style de Jean-Marc Ligny est agréable à lire, les descriptions ne sont pas lourdes, les dialogues ne sonnent pas creux, et il y a des touches d'humour qui viennent alléger le récit. Mais ce que j'ai préféré dans ce roman, ce sont les thèmes abordés en filigrane, passionnants et qui nous font réfléchir sur notre société accro aux écrans, aux scoops à tout prix et à la violence des images. Inner City pourrait être la représentation du futur de nos sociétés dites civilisées, et franchement cette vision de l'avenir m'a effrayée...



 

mardi 5 janvier 2016

L'origine des Victoires, d'Ugo Bellagamba

Fiche technique :

Auteur : Ugo Bellagamba
Titre : L'origine des Victoires
Editeur / Collection : ActuSF/ Hélios
Nombre de pages : 232
Date de parution : Novembre 2015


Quatrième de couverture :

« Je suis une Victoire, ma chérie... Si tu préfères, un soldat, engagé dans une lutte dont l'origine se perd dans la nuit des temps. »
L'Orvet a fait de l'humanité son terrain de chasse, causant famines, guerres et destructions. De la Rome antique jusqu'aux étoiles les plus lointaines, ce roman retrace le combat et les sacrifices des Victoires, ces femmes qui luttent dans l'ombre pour nous protéger.
Lettrées, guerrières ou amantes, voici huit portraits de ces vigies qui jalonnent l’histoire et redessinent en creux notre futur.


Avis :
 
L'origine des Victoires, c'est tout d'abord une succession de beaux portraits de femmes, cultivées, fortes et indépendantes. Quelles que soient les époques, de la préhistoire au Moyen âge, au XIXème siècle ou dans un futur indéterminé, elles combattent le mal dans le plus grand secret, avec peu de moyens et au péril de leur vie. Natacha, Euphoria, Patrizia, Gloria, Egéria, Nadia, Coppélia et Oruah, les huit Victoires présentées ici ne vous laisseront pas indifférent. Leur ennemi ? L'Orvet, une entité extraterrestre qui se nourrit du Mal, avec un M majuscule ! Prenant possession des âmes faibles - qui sont exclusivement masculines, soit dit en passant - l'Orvet cause guerres et atrocités en tous genres en exacerbant colère et désirs refoulés. Il se nourrit et s'amuse depuis des millénaires aux dépens de l'humanité, ne rencontrant qu'une faible résistance, essentiellement féminine...
« Je confesse ma nostalgie des siècles où les femmes n'étaient bien souvent que bêtise et soumission ; telles que je les avais voulues à l'origine, en somme. En ces temps anciens, les Victoires, vives, éduquées et brillantes, étaient rares, aussi facile à repérer qu'une rose dans un champ de blé. Et les combattre était un amusement, un jeu qui me détendait, et que je gagnais facilement. Enfin, le plus souvent. »
L'origine des Victoires, c'est également l'occasion de rencontrer des personnages célèbres dans des rôles inattendus : Octave, Thomas d'Aquin ou Gustave Eiffel, pour ne citer qu'eux, ont également un rôle à jouer dans le combat contre l'Orvet... Un combat qui s'inscrit dans l'Histoire, où certains évènements historiques, réels, prennent une connotation étrange à la fin de la lecture...
 
J'ai adoré le style d'Ugo Bellagamba ; sa plume est belle, fluide et poétique, très agréable à lire. Les différentes histoires composant L'origine des Victoires peuvent se lire indépendamment, comme des nouvelles, chacune étant consacrée à une Victoire en particulier, sans qu'un ordre chronologique "classique" ne soit respecté. L'ensemble de ces histoires forme un tout, dessinant une intrigue cohérente étalée sur plusieurs millénaires, donnant une saveur particulière au classique combat du Bien contre le Mal. Les Victoires sont crédibles et bien cernées, elles ont toutes un caractère affirmé et des talents biens particuliers : philosophe, enseignante, courtisane ou guerrière, les profils sont nombreux mais le but à atteindre est toujours le même. J'ai bien aimé que l'auteur nous donne également à connaître l'origine et les motivations de l'Orvet, le fait de l'entendre s'exprimer le rend plus vivant, presque humain...
 
L'origine des Victoires est une très belle découverte que je ne peux que vous recommander ! Vous pouvez en lire les premières pages sur le site de l'éditeur ActuSF (ICI) : essayez, soyez curieux, je suis certaine que vous voudrez ensuite en continuer la lecture ; en ce qui me concerne, c'est ce que j'ai fait...
 
 
 
 

jeudi 19 novembre 2015

Le travail du Furet, de Jean-Pierre Andrevon

Fiche technique :

Auteur : Jean-Pierre Andrevon
Titre : Le travail du Furet
Editeur : ActuSF
Nombre de pages : 520
Date de parution : Septembre 2015


Quatrième de couverture :

Centrum, futur proche. La maladie a été éradiquée par la science. Pour maintenir un certain niveau de vie et éviter la surpopulation, des tueurs mandatés par l'État doivent éliminer 400 000 personnes chaque année. Riche, pauvre, homme, femme, personne n'y échappe. Mais les victimes sont-elles vraiment désignées au hasard ? C'est lorsque le Furet commence à en douter que les ennuis lui tombent dessus... Aura-t-il la force de se rebeller ?
Livre culte, naviguant entre polar et dystopie, Le travail du Furet est un roman coup-de-poing, sans concession sur les dérives de nos sociétés. Il est ici accompagné de sept nouvelles qui lui font écho et qui sont autant de cris d'alarme pour notre avenir. Retrouvez également, pour la première fois publié, le synopsis du tome 2 qui n'a jamais vu le jour.


Avis :
 
Le travail du Furet :
« Je n'aime pas les pauvres. Je n'aime pas les riches. Mais ce n'est rien à côté des intellectuels. Les intellectuels, je les hais. C'est aussi simple que ça, je les hais, ça me part du fond des tripes et ça me remonte jusqu'à la racine des tifs, je n'y peux rien, c'est comme ça. »
On l'aura compris, le Furet n'aime personne... enfin, presque personne. Seule son amie Jos trouve grâce à ses yeux. Et pour Jos, le Furet est prêt à tout : désobéir à un ordre, réfléchir et s'interroger - enfin ! - sur le bienfondé de son travail de tueur au service de l'Etat...
J'ai adoré ce roman de début à la fin : l'intrigue, le décor, les personnages ou le style de l'auteur m'ont conquise.
Le Furet est un personnage assez quelconque, ordinaire ; solitaire, il a peu d'amis et entretien une misanthropie qui l'aide à travailler efficacement, sans état d'âme. Il aime les vieux films du début du XXème siècle et les "vit" au quotidien, il aime les animaux (sa cohabitation avec Moby Dick, son poisson rouge, ne se passe malheureusement pas très bien) et mène une vie simple où tout est bien compartimenté. Très politiquement incorrect, le Furet a un humour grinçant, et son franc-parler teinté d'argot et de références cinématographiques est jouissif. Centrum, le monde futuriste imaginé par Jean-Pierre Andrevon, est effrayant de réalisme : pollution, surpopulation, ghettoïsation, violences urbaines, invasion publicitaire, déshumanisation... même si le trait est exagéré, en lisant le roman on arrive à se dire que Centrum, c'est Paris dans un futur pas si éloigné que cela. Avec ce décor oppressant et ce héros plutôt banal, le roman navigue entre règlements de comptes, chasse à l'homme et courses poursuites, avec quelques pauses plus légères faires d'amour et d'amitié ; le Furet nous raconte son histoire, ce qui la rend extrêmement vivante, avec beaucoup de rythme et un découpage quasi cinématographique : il n'y a qu'à fermer les yeux pour visualiser les scènes, une réussite !
 
 
A la suite du roman Le travail du Furet, le recueil regroupe un synopsis, sept nouvelles et une interview : 
  • Le trajet de la taupe sous les pieds des aveugles : Le synopsis du second volume des aventures du Furet, malheureusement jamais écrit par manque de temps... C'est vraiment dommage, car ce que l'on peut lire sur ces six pages est alléchant.
  • Le Dernier Dinosaure (1977) : Dans une France en pleine révolution socialiste, Dino se remémore les moments clés de son existence.
  • Exzone Z (1976) : Une journée de violence urbaine ordinaire.
  • Un combattant modèle (1969) : Le jour de ses 18 ans, Mérin reçoit son courrier d'incorporation : il va enfin pouvoir aller combattre en Estasie ou au Miorient.
  • Demain je vais pousser (1991) : Une barrière, et deux populations qui poussent, les uns pour fuir la misère du Sud, les autres pour protéger leurs terres du Nord.
  • Et si nous allions danser (1997) : Les vacances au camping d'une petite famille prennent un tour bizarre et angoissant...
  • Il y en a des milliers (1997) : La courte vie de Bernard, qui fuit les camps de travail d'une France d'extrême droite pour revenir dans une France islamiste.
  • Paysage des morts (1987) : La fascination pour les morts violentes peut mener loin...
Toutes ces nouvelles, écrites sur une période de 30 ans, ont en commun une vision sombre - et malheureusement quelque peu prémonitoire - de notre avenir. Entre bouleversements climatiques, pollution, surpopulation, guerres et violences urbaines, les personnages mis en scène, des gens ordinaires comme vous et moi, vivent tant bien que mal des situations absurdes sans se poser de questions ni remettre en cause l'ordre établi.
Au niveau du style, Jean-Pierre Andrevon reste fidèle à lui-même : le texte est percutant, à l'opposé du politiquement correct en vigueur actuellement, les images sont dures, comme les thèmes abordés. Heureusement l'humour, noir et grinçant, parvient - souvent - à alléger l'atmosphère. Chaque nouvelle est mise en perspective (chronologie, contexte) par une courte note explicative de l'auteur. Paysage des morts mis à part, j'ai beaucoup aimé ces récits, et j'ai eu un coup de cœur pour Un combattant modèle et Demain je vais pousser que j'ai trouvé magnifiques et bouleversants.
A la fin du recueil, une interview de Jean-Pierre Andrevon nous permet de découvrir plus avant le travail de l'auteur...

ActuSF a eu une excellente idée en publiant ce recueil, cela m'a permis de découvrir un auteur prolifique que je connaissais de nom, mais dont je n'avais jamais osé lire les récits que j'imaginais difficiles d'accès ou réservés à une élite de fans de science-fiction purs et durs. Erreur corrigée, cette très belle découverte m'a donné envie de lire d'autres textes de Jean-Pierre Andrevon ; cela tombe bien, il y a l'embarras du choix !
 
 
 
 

samedi 4 juillet 2015

Doctor Who : À la croisée des mondes

Fiche technique :
 
Scénariste : Tony Lee
Illustrateurs : Mark Buckingham et Matthew Dow Smith
Traducteur : Yoann Boisseau
Titre : Doctor Who : À la croisée des mondes
Série / Volume : Doctor Who comics volume 8
Editeur : French Eyes
Nombre de pages : 100
Date de parution : Avril 2013
 
 
Quatrième de couverture :
 
Le Docteur, dernier survivant d'une race appelée les Seigneurs du Temps, voyage avec ses compagnons à bord du TARDIS, le célèbre vaisseau à l'apparence d'une cabine de police londonienne.
Avant de se poser sur une planète aux univers parallèles multiples dans le but d'y passer quelques jours de vacances, il est préférable de vérifier qu'elle n'est pas sur une faille temporelle instable, surtout lorsqu'un vaisseau sontarien vient s'y écraser, provoquant l'éclatement de tous les univers !
 
 
Avis :
 
J'ai eu la possibilité de lire Doctor Who : À la croisée des mondes grâce à l'opération Masse critique du site Babelio. Merci à eux, ainsi qu'aux éditions French Eyes, pour m'avoir fait parvenir ce comics.
 
Doctor Who : À la croisée des mondes contient deux histoires indépendantes sur le thème du voyage dans le temps et des mondes parallèles. Le Docteur est ici accompagné de Rory Williams et d'Amy Pond, ce qui situe clairement ces histoires dans le cadre de la onzième incarnation du Docteur, plus précisément les saisons 6 ou 7 de la série TV Doctor Who. Voilà pour le contexte. Maintenant, passons au contenu de la bande dessinée.
 
De gauche à droite : Rory, le Docteur et Amy
Histoire n° 1 :
En route pour assister à la finale de la coupe du monde de football au Wembley Station (1966), le TARDIS dépose les trois compagnons mille ans trop tôt, en plein conflit entre vikings et anglo-saxons. Le Docteur mettra en œuvre un moyen original pour pacifier une situation explosive.

Cette première histoire, assez courte, est pour moi la mieux dessinée. Les gros plans sont assez beaux et détaillés, et les personnages parviennent - un peu - à ressembler à leurs doubles de la série TV. Les autres cases sont par contre peu détaillées et plutôt moches, avec des personnages minimalistes et très peu de décors. L'histoire en elle-même est intéressante, l'ambiance est farfelue, j'ai passé un bon moment en la lisant.
 
Le Docteur, Rory et Amy
Histoire n° 2 :
Le Docteur, Amy et Rory passent quelques jours de vacances à Multiworld, un vaste complexe construit sur une fluctuation stabilisée de faille temporelle. Treize mondes différents permettent une immersion totale dans l'histoire de la Terre, à des périodes aussi différentes que la préhistoire, la conquête de l'ouest américain ou la seconde guerre mondiale. Les vacances se passent pour le mieux jusqu'à l'arrivée d'un vaisseau sontarien en piteux état...
 
Cette seconde histoire est plus développée et plus intéressante que la première. Elle fait intervenir de nombreux personnages, des technologies extraterrestres, il y a beaucoup d'action, de poursuites, de retournements de situation, le tout en étant fidèle à l'ambiance loufoque de la série TV. J'aurai pu prendre beaucoup de plaisir à la lire s'il n'y avait eu ces dessins approximatifs, bâclés, pour ne pas dire immondes ! Les personnages sont difficilement reconnaissables, tout en angles et en ombres, parfois à peine esquissés, avec des visages lisses, sans yeux ni bouche.


Ben Rory, où sont tes yeux ?! C'est normal que tu ne trouves pas le Docteur !
Les postures sont statiques et les couleurs ternes, pour résumer j'ai détesté. Et pourtant, je ne suis pas quelqu'un de difficile. 
Ces illustrations ont vraiment rendu la lecture de cette seconde histoire laborieuse, je n'ai malheureusement pas réussi à passer outre... C'est vraiment dommage car au final il ne me reste qu'une impression de grand gâchis.
 
Dernier point gênant, et je m'arrête là sinon vous allez finir par penser que je râle tout le temps (^_^') : il n'y a aucune séparation entre les deux histoires, si ce n'est une illustration grand format (et un changement radical de style !). Mais ce n'est pas une vraie séparation dans la mesure où des illustrations pleine page, il y en a même à l'intérieur des histoires ! J'aurais apprécié une page de titre au début de chaque histoire, ou alors un petit sommaire, avec le titre de l'histoire, le nom du dessinateur et la pagination ; ce n'est pas grand chose, mais c'est bien pratique et là cela m'a vraiment manqué car je ne sais pas qui de Mark Buckingham ou Matthew Dow Smith a réalisé les plus belles planches...
 
En conclusion, j'ai trouvé les histoires intéressantes et amusantes, bien dans l'esprit de la série TV, mais les illustrations sont vraiment trop inégales et ont un côté bâclé qui m'a vraiment gêné ; pour moi, il s'agit d'une bande dessinée à réserver aux fans inconditionnels de la série qui souhaiteraient absolument tout posséder...
 
 
Notation :
 
6,5/10.