Fiche technique :
Auteur : Kenzaburô Ôé
Traducteurs : Ryôji Nakamura et René de Ceccatty
Titre : Seventeen
Editeur / Collection : Folio / 2€
Nombre de pages : 96
Date de parution : Mai 2011
Résumé éditeur :
Un adolescent fête ses dix-sept ans dans l'indifférence de sa famille, en pleine décomposition. Complexé, mal dans sa peau, incompris de ses parents, il est terriblement frustré. Obnubilé par ses pulsions sexuelles, il s'est replié sur lui-même et toise ses camarades d'un regard méprisant. Il constitue une proie idéale pour les militants d'extrême droite qui recrutent des jeunes pour donner la claque lors des meetings du parti de l'Action Impériale...
Inspirée de faits réels, cette nouvelle du grand maître de la littérature japonaise contemporaine (prix Nobel de littérature 1994) nous plonge dans le mal-être du Japon des années soixante.
Avis :
Ecrit à a première personne du singulier, ce court récit nous plonge directement dans les pensées d'un petit branleur, au sens littéral du terme. Le narrateur, qui vient d'avoir dix-sept ans dans l'indifférence générale, nous fait partager son quotidien entre dégoût de soi et haine des autres ; une famille distante, des camarades de classe moqueurs et des professeurs condescendants : la vie n'est pas rose quand on est un "seventeen" solitaire. En manque cruel de reconnaissance, le narrateur (nous ne saurons jamais son nom) peine à trouver sa voie, jusqu'au jour où, après une énième humiliation publique, il assiste par hasard à un meeting d'extrême-droite qui va changer sa vie. Il ne fallait pas grand chose pour qu'il prenne cofinance en lui et sorte de sa spirale infernale d'auto-apitoiement, juste un peu d'écoute et d'intérêt... ce que sa famille et ses proches n'ont pas pu ou su lui donner, un groupuscule politique et son charismatique leader le feront.
Notation :
« Certes, je suis un seventeen pitoyable et laid, mais le monde d’autrui m’a tout de même infligé un sort cruel, trop cruel. Maintenant je vais cesser de me raccrocher à leur monde réel en espérant y trouver un peu de bonté : j’en ai décidé ainsi, plongé dans un abîme de honte et d’épuisement [...] ».Cette chronique adolescente est très bien écrite ; j'ai parfaitement ressenti le mal-être du narrateur tout au long de la première partie du récit, puis son basculement idéologique et la prise de conscience de sa force intérieure. Le contexte historique et politique qui apparaît en filigrane est également très intéressant : occupation américaine, forces de défense japonaises, montée des groupuscules politiques de gauche et de droite, le Japon des années 1960 connait de nombreux bouleversements et remises en question, à l'instar du jeune narrateur. Je n'ai qu'un seul gros regret concernant ce récit : l'insistance - lourde - de l'auteur sur les scènes d'onanisme ; le message est clair dès les premières lignes, je ne vois pas la peine de revenir sans cesse sur le sujet... à moins que ce ne soit révélateur des pensées qui obsèdent les adolescents de sexe masculin.
Notation :
7/10.
Tu m'inquiète là. J'ai quelques livres de lui (pas celui-ci. Ça ne me parle absolument pas). Du coup, ils ne seront pas lu de suite.
RépondreSupprimerC'est le seul titre de Kenzaburô Ôé que j'ai lu, je ne peux pas te dire s'il est représentatif de ses écrits ou non ;-) Il faudra que je tente un autre roman un de ces jours...
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