lundi 30 juillet 2018

Je voudrais que la nuit me prenne, par Isabelle Desesquelles

Fiche technique :

Auteur : Isabelle Desesquelles
Titre : Je voudrais que la nuit me prenne
Editeur / Collection : Belfond / Pointillés
Nombre de pages : 204
Date de parution : Août 2018


Quatrième de couverture :

« Leur mensonge préféré aux parents, ils viennent le soir vous dire au revoir, on est à moitié endormis et eux vous murmurent "Je serai toujours là, mon délice, mon ange de la joie douce, merveille de l'amour enchanté', ils caressent votre front, que ça rentre bien dans votre tête. Ce doit être pour cela que ça fait si mal le jour où ce n'est plus vrai, où la main d'un père ou d'une mère ne se posera plus sur le front d'un enfant que l'on n'est plus depuis longtemps. Et si cela arrive vraiment trop tôt, on est fauché net. On peut mourir et vivre longtemps. »
Loin du bruit du monde, Clémence grandit auprès de parents rivalisant de fantaisie. Mais elle n'a pas la voix d'une petite fille et ses mots sont ceux d'un mystère cruel. Que s'est-il passé pour que l'innocence se borde ainsi de noir ?
Plongée vertigineuse et poétique dans l'univers de l'enfance, Je voudrais que la nuit me prenne raconte le danger du bonheur. Entre trouble et éclairs de joie, ce roman explore le lien fragile et inaltérable qui nous unit à nos plus proches.
Et la redoutable force du souvenir.


Avis :

Très beau roman d'Isabelle Desesquelles, à paraître pour la rentrée littéraire 2018, Je voudrais que la nuit me prenne explore un sujet difficile de manière poétique.
« A quel moment j'ai compris que pour mes parents je comptais plus que tout ? Que même avec des mauvaises notes, même moins jolie, même pas gentille, je compterais plus que tout pour eux. Plus que notre maison, plus que la mer pour maman, plus que ses livres, plus que tous les élèves réunis de papa, plus que mille milliards de montagnes d'or. Que pour l'un et l'autre je comptais plus qu'eux-mêmes, passais avant ma mère pour mon père, avant mon père pour ma mère, qu'ils m'aimaient à ce point. A quel moment un enfant le comprend ? Et il en fait son socle. On a beau être le plus amoureux des amoureux on ne peut pas faire autrement notre enfant vaut plus que tout. » 
Comment vous parler de ce roman sans en dévoiler le ressort principal ? Je me suis longuement posé la question ... 
Clémence, presque huit ans, vit une enfance heureuse auprès de parents fantasques et aimants. Une vie proche de la nature, entre l'école et les jeux, la belle littérature et les histoires de famille compliquées, la découverte du corps et des premiers émois amoureux... Clémence nous raconte tout, son présent et ses souvenirs d'un passé pas si lointain qui s'entremêlent, ses regrets et le futur qu'elle espère. C'est beau, empreint d'une certaine poésie, mais bien vite le malaise s'installe pour le lecteur. Quelques réflexions paraissent étranges dans la bouche d'une petite fille, quelques indices disséminés ici et là laissent présager un drame qu'elle refusera longtemps d'aborder. Une fois ce secret découvert, le texte prend un autre sens. Bouleversant. Prenant le lecteur aux tripes, le roman ne peut laisser indifférent. Il nous raconte la vie, l'amour, l'impossibilité de l'oubli. Des thèmes forts, traités de manière poignante par l'auteur dont la plume virevolte d'une scène à une autre, nous emportant avec passion dans le sillage de la petite Clémence. Cette très belle histoire va me marquer durablement tant elle m'a émue et fait réfléchir.
 
Merci au site Babelio ainsi qu'aux éditions Belfond pour cette belle découverte littéraire.




mardi 24 juillet 2018

Un matin ordinaire, de Marjorie Tixier

Fiche technique :

Auteur : Marjorie Tixier
Titre : Un matin ordinaire
Editeur / Collection : Librinova / Littérature générale
Nombre de pages : 228
Date de parution : Juin 2018


Présentation éditeur :

Laurence rêve d’un grand voyage mais son mari manque de confiance en lui pour l’emmener à l’autre bout du monde. Et puis surtout, elle a deux petites filles et un père gravement malade. Alors, pour s'évader et se ressourcer, elle court chaque vendredi à heure fixe, selon un rituel immuable.
Ce jour-là, pourtant, une rencontre inattendue l'attend...
C'est donc par un matin ordinaire que le destin de Laurence va basculer et redistribuer les cartes d'une vie de famille jusque-là bien réglée.

Roman polyphonique, Un Matin ordinaire a reçu le premier prix du concours Librinova "Un merveilleux malheur".


Avis :

Superbe roman choral, Un matin ordinaire de Marjorie Tixier est la preuve qu'Auto-édité peut rimer avec Qualité.
 
Un matin ordinaire est la version revue et augmentée d'un très beau roman que j'avais beaucoup aimé, Emmène-moi à Valparaíso. Sorti en 2015, ce dernier avait remporté le premier prix du concours "Nos lecteurs ont du talent" / "Découverte Fnac", un prix largement mérité. Si vous souhaitez découvrir mon avis de 2015, c'est ICI que cela se passe. Et qu'en est-il pour 2018 ? Mon avis n'a globalement pas changé : j'ai adoré cette lecture qui, par rapport à l'édition de 2015, apporte de nombreuses réponses à la fin qui était restée ouverte.
 
Laurence a un rituel bien ancré depuis des années : chaque vendredi matin, elle va courir dans les bois, seule. Empruntant le même trajet, aux mêmes horaires, elle tient absolument à ce moment de liberté, d'évasion, au grand dam de son époux qui craint pour sa sécurité. Mais que pourrait-il lui arriver dans cette petite commune des Alpes où tout le monde se connait ? Il suffira pourtant d'une rencontre malheureuse pour que sa vie bascule, entrainant avec elle tout son entourage...
L'histoire, assez simple, est très intéressante. Elle nous fait réfléchir de manière sensible et délicate aux problèmes de la reconstruction suite à un évènement traumatisant. Les émotions sont vraies, les réactions des personnages également. Tout le monde ne réagit pas de la même manière face à l'irruption de la violence dans sa vie quotidienne et le fait que chaque chapitre donne la parole a un personnage différent permet d'appréhender tout un panel d'émotions : peur, colère, déni, isolement ou ouverture aux autres... que ce soient des enfants, de jeunes adultes ou des personnes âgées, tout le monde a sa manière bien personnelle de faire face à l'adversité.
J'aime beaucoup le style de l'auteur Marjorie Tixier, dont j'avais également apprécié le roman La danse du feu. Sa plume est fluide et agréable à lire. D'une grande justesse et d'un optimisme communicatif. Elle sait parfaitement bien insuffler la vie à ses personnages, ce qui les rend crédibles et attachants. Le fait que le roman soit polyphonique, que chaque chapitre se concentre sur un personnage en particulier qui nous fait entendre sa voix est une très bonne idée. Le portrait de l'héroïne se dessine peu à peu, au gré de l'alternance des points de vue, tout comme l'intrigue d'ailleurs. Les chapitres défilent rapidement, les uns après les autres, sans jamais perdre le lecteur.

Je vous recommande chaudement ce roman, l'essayer c'est l'adopter ! Vous pouvez lire les premières page d'Un matin ordinaire ICI, j'espère que cela vous donnera envie d'en découvrir plus.