mardi 10 janvier 2017

Mercredi, c'est citation : La marche de Mina, de Yoko Ogawa




Plus que n'importe quelles précieuses sculptures ou poteries, dans la maison d'Ashiya les livres étaient considérés comme importants. De manière à pouvoir mettre la main dessus dès que l'on y pensait, il y avait des bibliothèques dans toutes les pièces et même les enfants pouvaient librement prendre des livres pour adultes.



Sur les murs des pièces, les livres s'alignaient presque jusqu'au plafond. Ils se tenaient là, tranquilles, sans manifester leur présence par des cris, sans arborer non plus de décorations voyantes. Même si de l'extérieur ils ne ressemblaient à rien d'autre qu'à des boîtes carrées, il en émanait une beauté égale à celle générée par les sculptures ou les poteries. Alors que la signification des mots gravés page après page était profonde au point de ne pas pouvoir en réalité tenir dans cette boîte, ils attendaient patiemment d'être ouverts par quelqu'un. J'en vins à ressentir du respect pour leur persévérance.




Elle se contentait de voyager dans le désert des caractères, pour tenter de délivrer les coquilles enfouies à ses pieds. C'étaient, comme elle le disait elle-même, des pierres précieuses qui scintillaient sur une mer de sable. Si on ne les exhumait pas, les coquilles resteraient enfouies dans les ténèbres pendant de longues années. Elles seraient piétinées et abandonnées sans que personne ne les remarque. Cela, ma tante ne pouvait le supporter.




Les histoires qu'il a écrites sont devenues des livres qui se trouvent dans les librairies et les bibliothèques non seulement du Japon mais du monde entier. Dans une bibliothèque d'une ville où il n'a jamais mis les pieds, quelqu'un qui ne le connaît pas ouvre un de ses livres. Mourir alors qu'une chose aussi merveilleuse s'est passée pour lui, je me demande ce qui lui a pris.
 
 
 
 

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