mardi 27 mai 2014

Georgia, de Julien Delmaire

Fiche technique :
 
Auteur : Julien Delmaire
Titre : Georgia
Editeur / Collection : Grasset / Littérature française
Nombre de pages : 248
Date de parution : Août 2013
 
 
Quatrième de couverture :
 
Georgia est une chanson.
Georgia est une jeune femme perdue.
Georgia est un roman d'amour : deux êtres à la dérive se rencontrent, se racontent, dans une parenthèse en clair-obscur, au cœur de la ville, ici et maintenant.
Venance écoute, Georgia parle, et de sa voix jaillissent des paysages. L'enfance résonne avec les derniers accords de Joy Division.
« La vie de Georgia commence à peine, que déjà les heures épuisent le sablier. Le bluesman reprend son souffle. La chanson passe de bouche en bouche. L'amour, l'amour nous déchirera à nouveau. »
 
 
Critique :
 
Georgia est un roman dans lequel j'ai eu du mal à rentrer. Beaucoup de mal. Je n'accrochais pas du tout avec le style de l'auteur, plein de métaphores, d'allégories et d'envolées poétiques. Mais je me suis accrochée ; j'ai changé de lecture, et puis je suis revenue, désirant donner au roman une seconde chance. Et là, il y a eu un déclic. J'ai dévoré Georgia dans la journée, me laissant porter par le texte de Julien Delmaire, par son rythme.
Concernant l'histoire, elle n'est pas très gaie ; d'ailleurs elle commence par la mort de Venance, le personnage principal. Sans-papiers africain vivant de petits boulots, dans la crainte de se faire contrôler et expulser, Venance voit son morne quotidien bouleversé par sa rencontre avec Georgia, jeune femme un peu paumée qui noie ses souvenirs dans l'alcool et la drogue. Il tombera amoureux d'une chimère et y perdra tout, tandis que Georgia sombrera dans la déchéance... L'intrigue du roman est simple, elle nous entraîne dans le monde des sans-papiers et des exclus de la société, mais mis à part Venance je n'ai trouvé aucun personnage sympathique ni attachant... je pense que le style très (trop ?) travaillé de l'auteur empêche de ressentir de l'empathie pour eux, il crée une distance entre le lecteur et les faits...

Voici deux courts extraits du roman pour vous faire une idée du style de Julien Delmaire :
Je ne veux plus refléter votre monde, mon front n'a plus besoin de sources, il se nourrit à la moelle des fureurs. Je n'accepte plus le lait de vos néons, la bonté de vos draps secs, la commisération de vos plateaux-repas. Mes orbites appartiennent aux aïeux, au pus des blessures immémoriales. Mes yeux ne seront plus des fanaux pour que vous accostiez à mes rivages vos cargos de justice. Votre justice ne passera plus par mes yeux. (page 26)
Fillette, elle courait sur les plages, avec comme seul allié le vent. Les cheveux coupés courts, les jambes tatouées d'hématomes joyeux, elle volait, puis retombait, ses pas s'imprimaient sur le sable. Elle courait pour rattraper l'horizon, au loin, derrière les dunes ; c'était le nadir qu'elle désirait, la connexion secrète qui faisait le ciel se tendre comme un cordage... Longues-sur-Mer... Le jour hémophile abandonnait ses premières ténèbres sur la mer... Le soleil flanchait, s'abandonnait à la vague... Pour un jeune alchimiste au verbe haut, cela eût pu sembler l'éternité, mais pour une gamine insolente, l'éternité n'était que chimère. La fillette revenait par les falaises, le chemin des trépassés, elle s'écorchait dans les futaies, les chardons sur la berge ; enfin, elle remontait vers la maison de son oncle, au bord d'une route qui ne serait jamais une route. A l'entrée de la maison, elle se débarbouillait avec son tee-shirt. Elle se voulait liquide, sa peau se confondait avec celle des anguilles, spumeuse et bleuâtre. Georgia se désolait que la mer ne l'eût pas enfantée, que les branchies carbonisées sur le sable de sa naissance ne repoussent jamais... (pages 114-115)


Ma note :

6,5/10.




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