Je vous propose aujourd'hui quelques pensées liées à l'univers du livre, toutes signées par l'inégalable Philippe Bouvard 😊 Attention, ça mord !
Bibliothèque.
La culture, il faut l’avoir sous la main quand on ne l’a pas dans la tête.
Écrivains.
Pauvres bougres ! Chaque fois qu’un photographe les surprend dans leur bureau, la table de travail est bancale, les livres s’empilent à même le sol et l’observateur le moins attentif comprend que le ménage ne sera pas fait avant leur entrée dans la Pléiade.
Éditeur.
Personnage qui, pour se faire pardonner de prendre 90 % de leur chiffre d’affaires aux écrivains, leur laisse assumer 100 % du travail.
Littérature.
Pour vous faire pardonner de ne pas avoir lu Le Clézio, prétendez que vous relisez Montaigne. Ceux qui relisent sont, par définition, deux fois plus cultivés que ceux qui lisent.
Livres.
Traitent de tout et de n’importe quoi. On n’a jamais imprimé autant de titres alors qu’on n’a jamais vendu si peu d’exemplaires. L’éditeur, s’il se montre pingre sur les à-valoir, amortit ses frais à partir de cinq mille acheteurs tandis que l’auteur ne touche qu’une misère pour, parfois, plusieurs années de travail. Le jour où ils seront tous numériques, on ne saura plus où poser la crème solaire l’été sur les plages.
Plagiat.
L’écrivain honnête sera bientôt un demeuré allergique à l’informatique, dépourvu de bibliothèque, ne possédant pas la télévision ni la radio ou – mieux encore – complètement illettré. Mais pourquoi tout romancier publiant un nouveau livre en tous points semblable à ses précédents ne serait-il pas poursuivi pour autopiratage ?
Prix (Nobel).
Grâce à celui de littérature on redécouvre chaque année que des écrivains majuscules s’activent aux antipodes sans qu’on en soit vraiment informés, que des génies vivent ailleurs que dans le périmètre germanopratin, que la langue française n’a pas le monopole du style et que, par-delà les frontières, toutes les angoisses existentielles se ressemblent.
Renommée.
N’est plus annoncée par des trompettes mais par des classements et des sondages. Combien d’écrivains doivent-ils leur célébrité à leur longévité personnelle plus qu’à la pérennité de leurs œuvres ? À l’inverse, certains ne sont grands que parce qu’ils sont morts assez tôt pour ne pas écrire un second livre moins bon que le premier.
Rentrée (littéraire).
Première fournée de l’année. Mémoires des uns. Souvenirs des autres. Les rares romans sont autobiographiques. Les jeunes écrivains n’osent pas se lancer dans la fiction. Les chenus ne voient pas plus loin que leur propre vie.
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