Fiche technique :
Auteur : Frédéric Lenormand
Titre : Seules les femmes sont éternelles
Série / Volume : Loulou Chandeleur, volume 1
Editeur : Editions de La Martinière
Nombre de pages : 286
Date de parution : Novembre 2017
Quatrième de couverture :
Au début de la guerre de 1914, un policier décide de revêtir une identité féminine pour échapper à la mobilisation. Ray Février devient « Loulou Chandeleur », détective privé en bas de soie et chapeau à voilette. Ray-Loulou se rend compte qu’il est aussi bon flic en robe qu’en pantalon, et peut-être meilleur homme qu’auparavant.
Aux côtés de la patronne de l'agence de détectives, la charmante Miss Barnett – qui ne connaît pas son secret –, Loulou enquête sur une intrigante affaire de lettres de menaces. Quand le maître chanteur commence à mettre son plan à exécution et que les meurtres se multiplient, notre étonnant duo plonge dans une succession de surprises et de pièges périlleux.
Entre 1914 et 1918, ce sont les Françaises qui ont fait vivre le pays. Ce roman raconte leur émancipation et la difficulté d’être une femme en temps de guerre... surtout quand on n'en est pas une.
Avis :
Je connaissais Frédéric Lenormand pour sa fameuse série Voltaire mène l’enquête qui mêle avec brio humour, enquêtes et faits historiques. L'auteur signe avec Seules les femmes sont éternelles le premier tome d'une nouvelle série de romans policiers historiques ayant pour cadre la première guerre mondiale, et c'est une belle réussite.
Raymond Février, inspecteur de police efficace et doué d'empathie, est surnommé "le Samaritain". Quand il reçoit son ordre de mobilisation, Ray est désespéré. Bien conscient des ravages de la guerre, il refuse de mourir bêtement au fond d'une tranchée comme tant d'autres. Il veut survivre, quitte à passer pour un lâche, mais peu d'options se présentent à lui pour éviter une incorporation qui semble inévitable. Une rencontre lui apportera la solution : il deviendra femme. Raymond Février est mort, vive Louise Chandeleur ! C'est sous cette nouvelle identité que débutera sa nouvelle vie et sa nouvelle carrière de détective privé(e).
L'histoire d'un homme qui se déguise en femme pour échapper aux horreurs de la guerre peut vous sembler connue. Elle est en effet librement inspirée de l’histoire vraie de Paul Grappe dont la vie a notamment été adaptée à l’écran par André Téchiné (Nos Années folles) et plus récemment en bande dessinée par Chloé Cruchaudet (Mauvais genre). Mais l'inspiration s'arrête au travestissement, l'histoire et l'ambiance de Seules les femmes sont éternelles sont totalement différentes des titres précédemment cités.
L'enquête policière, une sombre histoire de chantage accompagné de morts violentes, est bien menée. Les fausses pistes et les rebondissements sont nombreux, et même si j'ai découvert le coupable assez tôt j'ai eu de nombreux doutes tout au long du déroulé des investigations. Cette enquête est un bon prétexte à l'étude de la société : nos héroïnes parcourent Paris à la recherche de la vérité et nous font ainsi découvrir un monde où les hommes sont progressivement remplacés par les femmes dans (presque) toutes les branches de la société, où la débrouillardise est de mise et où le troc s'organise. Cette description de la vie quotidienne en 1914 est vivante et passionnante, j'ai adoré !
Autre point fort du roman, les personnages ! Ceux-ci sont vraiment bien croqués, j'ai trouvé les personnages principaux attachants et j'ai beaucoup aimé les relations qui s'instaurent entre Loulou, qui peine à entrer dans son rôle de femme, et sa patronne Cecily, jeune et naïve, qui interprète de travers tous les signes comportementaux de son enquêtrice.
L'humour est omniprésent. Il balance entre ironie et cynisme, mais le résultat est là : le lecteur a le sourire aux lèvres tout au long de sa lecture. Une certaine gravité ambiante est également présente, certains faits ou réflexions de Ray/Loulou donnent à réfléchir, mais l'humour prédomine largement. La plume de l'auteur est agréable à lire, c'est rythmé et très intéressant, les pages défilent sans que l'on s'en aperçoive.
Pour conclure, je vous laisse méditer sur ces quelques lignes extraites du roman en espérant vous avoir donné envie de découvrir cette excellente histoire. J'ai pris beaucoup de plaisir à lire Seules les femmes sont éternelles et j'ai hâte de retrouver nos deux héroïnes dans une nouvelle enquête.
« Le pire dans cette guerre n'était pas les combats, les privations, les destructions, les blessures ; c'était ce qu'elle faisait aux gens à l'intérieur. Ces malheurs arrivaient par l'inertie du peuple. L'abattoir n'existait que par le consentement des veaux. La catastrophe ne s'imposait à nous que par le nombre de ceux qui l'acceptaient, telle était la vraie lâcheté. Le renoncement de la masse créait l'abîme, cet abîme n'existait que parce que nous le voulions bien. La lâcheté créait de la résistance. Il avait davantage raison que ceux qui avaient dit oui au massacre : il était en vie.
Il n'avait tué personne en refusant d'aller se faire tuer. Il avait échangé un mort de moins contre une femme de plus. Il n'y avait là rien d'infamant pour la société, une femme vivante valait bien un soldat mort. »
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